Ashelia Atalianne

         
             
       

         
             
       

Ashelia a vu le jour voilà dix-sept ans déjà, dans le nord de l'Italie, au sein de la riche famille des Atalianne. Son grand-père avait fait fortune, bien des années plus tôt, dans le commerce d’œuvres d'art, et c'était toujours ce qui faisait vivre son père, qui avait repris et fait prospérer les affaires familiales. Une famille plutôt heureuse en fait, et sans problème. Hé oui, ça existe des histoires qui prennent racines dans des familles heureuses, c'est dingue hein ! Quoi qu'il en soit, la mère d'Ashelia travaillait aussi dans l'entreprise familiale, son sourire lumineux comme le soleil, sa plastique avantageuse et son charme naturel faisant d'elle une très bonne responsable pour la communication et certaines négociations. Et même si, ses parents étant occupé, la petite fille grandit avec une ou deux gouvernantes, celles-ci étaient affectueuses au possible, et ses parents venaient les voir, elle et ses frères, régulièrement, de sorte que cela était loin de la rendre malheureuse.

Car Ashelia avait deux frères, deux frères aînés, qui tous deux semblaient destinés à marcher dans les pas de leur père et de leur grand-père. L'aîné montra très jeune un bagout et un charme élevé, et s'orienta dès l'adolescence dans la même branche que son père, alors que le second, plus réservé, révélait un talent certain pour les chiffres et se destinait déjà à devenir le comptable de l'entreprise familiale. Ashelia, la petite dernière, n'avait pas d'affinités de ce genre, toutefois. Plutôt bonne élève, elle était néanmoins plus intéressée par le fait de contempler les œuvres que par leur vente. Elle se montra aussi remarquablement douée pour le dessin – oui, les Atalianne avaient de la chance, pas de moutons noirs sans talents parmi leurs enfants, comme quoi parfois même les riches pouvaient être encore plus favorisés par le destin – et ses parents, bienveillant, encouragèrent cette tendance qu'ils trouvaient admirable, lui fournissant tout ce qu'elle avait besoin pour faire fructifier son don, tant qu'elle parvenait à produire en parallèle des notes à la hauteur.

Pendant ses vacances ou ses excursions scolaires – elle n'était pas scolarisée dans la petite école minable du quartier non plus, on s'en doutera – elle pu ainsi découvrir tous les chefs-d’œuvre de l'Italie, sur le plan architectural et paysager autant que sur les œuvres, voyageant parfois en compagnie de ses parents dans des musées partout ailleurs dans le monde pour élargir encore sa culture. Et de tout cela – ainsi que de très bons cours de dessins – elle tira un terreau ou germa très bien son propre talent pour le coup de crayon. Elle se montrait plus attirée en effet par les crayonnés divers que par les peintures, et réalisait ainsi de très belles choses, particulièrement au crayon noir, retraçant sur ses feuilles de papier autant la beauté des bâtiments antiques que celle des gens ou des choses plus prosaïques. Elle continuait parallèlement de travailler dur sur le plan scolaire, et notamment au niveau des langues, apprenant le français et l'anglais dans un premier temps, affin de pouvoir, disait son père « vivre au mieux une vie d'artiste », amenée à voyager partout dans le monde, et notamment dans les grands centre de l'art, qui se trouvaient, outre dans son propre pays, surtout en France ou dans des pays anglophones.

Ce fut quand elle eut quinze ans qu'elle développa un attrait pour une autre langue, le japonais. Outre que la culture nippone lui semblait plein d'attraits pour toutes les tendances « modernes » du dessin, elle jugeait que la langue elle-même ne pouvait que gagner en importance dans les années à venir. Elle commença donc son apprentissage, et quand elle eut seize ans son père, autant désireux de son épanouissement que de l'éloigner des trop nombreux soupirants qui commençaient à s’agglutiner autour d'elle, attirés par son physique et l'argent familial, décida de l'envoyer en immersion au Japon pendant quelques années pour finir sa scolarité, ce qui fit très plaisir à la jeune femme. Et voilà comment elle fini par profiter d'un programme d'échange – toujours utile de graisser quelques pattes pour que votre fille soit choisie – qu'elle se retrouva à Lumen.

La première année fut celle de l'adaptation à cette nouvelle école et à cette nouvelle langue, qu'elle était loin de maîtriser à fond après de si courtes études, loin de son pays et plongé dans un anonymat total alors que chez elle tout le monde la connaissait, son père aillant décidé qu'elle s'immergerait aussi un peu dans une vie plus « terre à terre ». Néanmoins, la pratique aidait beaucoup, et Ashelia était du genre à s'adapter, si bien qu'après un an passé là-bas, elle était beaucoup mieux intégrée, alors qu'elle entamait une nouvelle année, maintenant âgée de dix-sept ans et arrivée en terminale.