Ran - Nouvelle professeure.

         
           
     

         
           
     

À "Il s'en passe des choses dans une vie ... Quand j'étais petite, je voulais être vétérinaire. Sauver des vies quoi, un truc noble. J'allais manger mon hamburger avec mes copines sur Salt Street avec les quelques dollars que ma mère me filait gracieusement. Une vie banale quoi. Qui aurait cru que j'allais finir prof d'anglais au pays des sushis avec un départ pareil ? Enfin, surtout avec ce qui a pu se passer auparavant .."
(...)

"A l'époque, on m'appelait Abby. De mon véritable prénom Abbigail. Je suis née dans la proche banlieue de New-York dans une famille modeste. Heureusement pour celle-ci, je suis fille unique. Sinon, les parents auraient trop galéré.
Mon enfance a été celle d'une américaine moyenne. Jusque là, rien ne me prédestinait à vivre à à peine 24 ans au Japon. Mais alors, que dalle.
En langue vivante, j'avais choisit espagnol et français. D'ailleurs, j'étais bien meilleure en maths et en sport.
Je disais donc, jusque là, pas d'histoire. Pas la moindre.
Et puis, j'ai eu 17 ans.
Je conduisais alors la vieille voiture de mes parents, j'avais mon petit groupe d'amis, tout ça. Je ne me démarquais peut-être qu'en sport, étant fan de boxe et de karaté. Sinon, encore une fois rien de spécial.
Jusqu'au jour où je rencontrais Alex. Fumeur invétéré et pas seulement de tabac, 19 ans, buveur, motard, tatoué ... Tout pour ne pas plaire quoi.
Et pourtant, comme toute gamine de 17 ans, un mec comme ça, ce fameux "badboy", ça attire.
Comment j'ai rencontré un tel mec ? Simple, il poussa la porte de mon club de boxe. Pour "essayer". Pourtant, la première fois que je l'ai vu monter sur un ring, c'était déjà un vrai tueur. Une bête.
Inutile de dire que cela le rendit encore plus attrayant à mes yeux. Je l'observais quelques mois, jusqu'à ce que je comprenne que nous nous observions tous les deux. C'était mon premier amour et je me trouve encore aujourd'hui assez chanceuse. Je veux dire, j'avais au moins la chance que ce ne soit pas à sens unique.
Bon après c'est sûr, on aurait pu rêver plus rose comme suite ..."
(...)

" Qui dit mec, dit nouvelles rencontres, parfois même, nouveau milieu.
Je compris bien vite que l'apparence de "badboy" que mon cher et tendre avait n'était .. Pas qu'une apparence. Et n'était rien face à d'autres de ses fréquentations, qui étaient elles, carrément flippantes.
Il traînait dans des coins louches, avec des gens louches, pour faire des choses louches. Et j'étais assez conne pour avoir suivit et pour avoir voulu aider, avec toute la bonne volonté du monde. Evidemment, on accepta. J'aidais à transmettre les messages, je prévenais si les flics se pointaient, ce genre de petites choses. Je gagnais un peu d'argent, mais je m'en fichais : ce que je voulais c'était suivre mon Alex partout. Un genre de Bonnie and Clyde quoi ...

Puis bon, il se fit tuer bêtement. J'avais 20 ans, lui 22. Une balle perdue.
Inutile de préciser que j'étais effondrée, si ?
Bon eh bien si c'est utile ... J'ai passé après sa mort les pires mois de ma misérable vie. Je n'avais plus d'amis mis à part cet espèce de gang qui n'était pas fait pour me soutenir. Je ne sortais et ne souriais plus. Je restais dans le petit appartement dans lequel nous vivions depuis moins d'un an Alex et moi. Mes parents s'en fichaient un peu d'où je me trouvais et ça m'allait très bien, dans mon délire d'ado d'attardée qui n'aime qu'elle et son amour impossible.
Je ne me nourrissais plus, je buvais beaucoup. Je fumais aussi. Beaucoup. Beaucoup ...
Bref. Je faillis me foutre en l'air une ou deux fois dans un délire hallucinatoire ou Alex, avec des petites ailes d'ange ridicules, me demandait de le rejoindre en sautant par la fenêtre du cinquième.
J'en réchappais à chaque fois par d'heureux hasards avant de me dire que je devrais peut-être me reprendre en main."
(...)

"J'avais arrêté les cours. Je retournais donc voir la petite bande pour qu'on me file du boulot. Pas de chance, tout était dissout. Au point de rencontre, restait juste un pauvre type, un inconnu, qui attendait ceux qui revenaient ici pour les zigouiller.
Etant une fille, plutôt mal en point vu ma tête de déterrée, il m'épargna. Je lui demandais la raison de sa venue ici, de ses envies de meurtre, tout ça.
J'avais encore une fois eu de la chance; il s'ennuyait depuis plusieurs jours ici à ne rien faire, aussi, consentit-il à m'expliquer un peu.
Bande adverse et surtout carrément plus puissante, traitant avec la mafia nippone, le petit gang où j'étais avec un peu marché sur leurs plates-bandes... Et ils n'ont pas aimé du tout. Du coup, il était venu trucider ceux qui oseraient se montrer à la lueur du jour et puis basta. Histoire de faire un exemple et d'être tranquilles.
L'occasion était trop bonne, je dis que j'avais des infos sur leurs trafics - qui remontaient à 3 mois certes, mais quand même - et que je cherchais du boulot.
Il me rit au nez.
Du coup, vu qu'il ne s'y attendait pas, je l'éclatais gentiment par terre - et l'aider ensuite à se relever, pour ne pas me faire tirer dessus, quand même.
Il me dit qu'il en parlerait.
En attendant, je rentrais chez moi (non sans regarder derrière mon épaule, histoire de vérifier qu'il n'avait pas changé d'avis et ne voulait pas m'éclater la cervelle)
Finalement je rentrais chez moi sans encombres. Trois ou quatre jours après, j'avais un mot sous ma porte. Je suivis les instructions sur le papier et 10 jours après j'avais du boulot."
(...)

"J'évoluais vite dans la hiérarchie. Les sentiments m'ayant abandonnée à la mort de mon ami, sans famille présente, sans amis, sans attache du tout, je rendais toute sorte de service, du plus banal au plus sanglant. Je côtoyais beaucoup de nationalités différentes (mexicain, chinois, russes, japonais ...) et c'est principalement avec la nation du Soleil Levant que j'avais des affinités. Au point que je finis par apprendre leur langue.
Ma vie, bien que pas très réglo et dangereuse, me convenait bien. Et puis, lorsque j'eus 23 ans ..."
(...)

"Je buvais toujours autant. Fumais aussi, mais me limitais au tabac. Sauf ce malheureux soir, anniversaire de la mort d'Alex.Là, j'ai fait n'importe quoi. J'ai pété un plomb, y'avait du sang partout. J'aurai pas du.
Enfin, je sais même plus ce que je n'aurai pas du faire. Tout ce que je sais, c'est que je l'ai fait et que c'était pas bien, mais alors pas du tout.
Des cris, du bruit, du sang. Des menaces, des insultes, des coups, des bleus. Une odeur aigre, de la transpiration, des fortes respirations, de l'essence, un briquet."
(...)

"Le lendemain, je me réveillais chez un compagnon avec qui je partais souvent, un japonais. Peu loquace, comme moi. Tout ce qu'il me dit, c'est que j'avais grave merdé et que dans une semaine, si je restais ici, il serait sans doute envoyé pour me trucider amoureusement.
Pour la première fois depuis 3 ans, presque 4, je pleurais.
Les larmes, la force du sexe faible, comme on dit...
Il eut pitié de moi. Du coup, il partit et me laissa pioncer."
(...)

"Au réveil, j'avais des faux papiers et je m'appelais Ran Kimura, 24 ans, Américano-nippone. J'étais professeur d'anglais d'origine japonaise qui avait vécu aux Etats-Unis toute sa vie avant de revenir au pays de ses parents pour y enseigner après la mort de l'un d'eux. J'avais un emploi dans une école inconnue, un appart près de là dont les 3 premiers mois étaient payés, ainsi qu'un billet d'avion (aller-simple) pour l'endroit en question.
J'avais 3h pour faire ma valise, prendre une douche et partir.
Je n'ai jamais eu l'occasion de remercier cet homme mais en tous cas, il m'avait trouvé une merveilleuse planque, que je ne comptais pas quitter de si tôt."