[Abandonné][Salle Prof] Hey, café ?

Et un petit saut dans la fosse aux lions, un !

Pause. Enfin.

Plus de café dans mon thermos. Et j'en ai pourtant bien besoin ... C'est fou comme ça se descend vite ce genre de boisson. Bon certes, ce n'est pas du Starbuck comme j'aime, mais ça reste un moyen de ne pas rouler sous la table au bout de 10 minutes.

Première journée, je ne connais même pas le programme des niveaux où j'enseigne, je n'ai donc rien préparé. Ça me gêne d'un certain point de vue, car j'ai beau en avoir rien à secouer de ces mioches, j'aime faire correctement mon travail quand j'en ai un.
Bon, pour le coup, ça attendra demain.

Je me rend soudain compte que qui dit pause café, dit sociabilisation. Là, j'ai un léger doute. Il est tellement plus simple de limiter les conversation avec les gosses ... Les adultes, c'est plus hard.

Soupir.

Je rase les murs, mon mal de tête empirant à chaque pas. Tête rentrée entre mes deux épaules, je me fais la plus discrète possible. J'ai ramené mon manteau autours de moi, afin de dissimuler mes tatouages - ce que j'avais omis de faire précédemment, m'attirant moult regards étonnés en classe. Je dois conserver ma place en ce lieu, coûte que coûte.
J'hésite, me demandant si j'ai le temps de sortir prendre un café dans un "vrai" café et me dis que je ne connais pas les environs.

Re-soupir.

Je vais devoir affronter cette foutue salle des profs. Je suis devant la porte, seule. La rumeur du couloir me semble assourdie. J'ai carrément l'impression d'être sous l'eau. Ou plutôt, que je vais débarquer du ventre de ma mère; sauter dans l'inconnu le plus total. Je me sens soudain bien, là, immobile. Je ne veux pas partir, ni faire le moindre mouvement. La poignée me semble prête à me brûler et le battant de bois, infranchissable. Impossible de passer ce barrage.

Inspiration; Expiration.

Je prends mon courage avec toutes les mains possibles. Mes doigts s'avancent péniblement vers la poignée. Ils me semblent être recouverts d'un gant de plomb.

Innocente surprise ...

La poignée ne brûle pas ! Je cligne des yeux comme une forcenée. Mais qu'est-ce que j'ai ? Putain de gueule de bois.

Grosse inspiration.

La porte cède aisément. Elle s'ouvre sans que je n'aie à forcer ... Fuck. Je suis complètement à l'ouest. C'est qu'une putain de porte qui ne pèse pas plus lourd que ma grand-mère.

Ça y est : j'entre.

Concombre des mers.

La journée avait plutôt bien débutée, je n'avais eu que deux classes différentes pour trois heures de cours. La première classe était l'une de mes préférées car il n'y a quasiment aucune lacune, le niveau est assez homogène dans l'ensemble à part bien sur deux ou trois élèves qui ne fournissent aucun effort comme d'habitude. Quant à la seconde classe, j'ai cru que je le temps ne passerait jamais. On est dans un lycée, et dès que j'ose parler d'addition on me regarde comme si je parlais dans une langue extraterrestre.

Enfin, il était temps tout de même de faire une pause, j'en avais grand besoin malgré tout. Je me suis dis que la salle des professeurs ne serait pas très bruyante pendant les heures de cours, alors je décidai de m'y rendre histoire de prendre un café pour me revigorer. D'un pas rapide, j'avais traversé les couloirs de l'école, je devais sûrement être à l'opposé de la salle des professeurs et je n'avais aucune envie qu'on m'interpelle pour telle ou telle raison alors j'avais accéléré le pas encore un peu. Après des zig zag un peu partout, me voilà devant la salle. Ouf enfin arrivé ...

J'avais ouvert la porte sans attendre, mon regard se posa sur tous les recoins possibles de la salle, et comme je l'avais prédit, personne ... J'entrai alors refermant la porte soigneusement derrière moi. Je m'approchai de la cafetière individuelle puis un soupire s'échappa de mes lèvres, et je râlais comme tous les jours car elle était encore sale, ils ne savent donc pas enlever les dosettes ici ! Je nettoyai alors rapidement avant de me préparer le mien. Je mis donc une nouvelle dosette, je pris une tasse propre -pour celles qui restaient encore- et prépara le sucre et la cuillère qui allait avec.

Alors que le café coulait, je regardais attentivement la marre noire arriver dans ma tasse puis je regardais les dernière gouttes tomber. Tiens, la dernière fois j'avais compté onze gouttes... Tant pis, la cafetière devait être déréglée. Je nettoyai de nouveau la machine et pris ma tasse et alla m'installer sur une chaise tranquillement alors que quelqu'un vînt perturber mon moment de solitude. En fait, j'entendais des bruits dans l'entrée, on aurait dit que quelqu'un s'était arrêté devant la porte pour m'observer à travers. Je me levai alors me dirigeant alors vers la porte, j'allais pour coller mon oreille à celle-ci quand elle s'ouvrit violemment contre mon nez.