[Abandonné][Cathédrale]Sous les yeux de Dieu. [Libre]

Des pas lents et glissés résonnèrent dans l'église. Le blond cassa le silence qui régnait dans ce lieu sacré. Ses pas le menèrent au dernier rang des bancs, le plus loin de la croix, mais aussi le plus près de la sortie. Il s'assit sur le banc, en faisant attention à sa jupe.
Pourquoi était-il à l'église ? Lui, esprit rationnel, ne croyant pas à de telles choses que les fantômes, était dans un lieu de religion, de croyances en une entité "sacrée". La réponse en est plutôt étrange : Karin cherchait le silence. Et quoi de mieux que le silence religieux ? Plus sérieusement, Karin avait l'habitude depuis son enfance d'y aller, même si avant, ce n'était pas pour réfléchir ou se remettre en question.
En effet, il se demandait pourquoi il continuait de porter des habits féminins, et s'il le devait. Beaucoup d'arguments, positifs et négatifs se battaient dans sa tête, le fatiguant pour rien.
Le blond se leva, et décida d'aller allumer une bougie. Sans doute pas pour prier, mais marcher un peu, contempler le feu l'aiderait sans doute à réfléchir, ou se calmer. Tant que ça lui change les idées, Karin était preneur. Parce qu'il était perdu, dans ses propres pensées, dans sa vie.

Karin contempla le feu. Cet élément le troublait, c'était si... vif, contrairement à lui. Il était si absorbé par ce spectacle qui se déroulait sous ses yeux qu'il ne remarqua pas une autre personne arriver. Il n'y fit attention que lorsque cette dernière prit un cierge. Le blond la regarda vite fait, plusieurs fois, curieux de voir qui cela pouvait être, et surtout ; il était trop réservé pour la regarder trop longtemps. Ca ferait mauvaise impression.
Elle venait de subir la pluie, et cela ne semblait pas lui avoir réussi. Enfin, on pouvait entendre clairement le bruit des gouttes qui tombaient de ses habits trempés, c'était plutôt agréable d'avoir cette musique lorsqu'on observe ce spectacle.
Karin se tourna vers son interlocutrice, avec un léger sourire. Il était content que quelqu'un vienne lui parler, c'était rare que quelqu'un le fasse. Même si d'un côté, le blond ne fait rien pour que les gens viennent le voir.

- Bonjour. Je m'appelle Karin, et rassures-toi, tu ne me déranges du tout.

Il essaya de se montrer sympathique, vu que son humeur n'était pas géniale, il ne voulait pas la transmettre aux gens. Surtout à quelqu'un qui à l'air si enthousiaste.

La nuit était tombée, il pleuvait, il gelait. Parfait.
Kasu avait toujours été attiré par le froid, et dès qu'un orage pointait le bout de son nez, il se mettait en jean et en t-shirt, et sortait sans peine sous les torrents d'eau glacée. Ça lui faisait oublier ses problèmes. Parfois, il se posait sous un arbre et regardait la pluie, et les gens qui courraient s'abriter en criant et se plaignant. Cette particularité, ce "super-pouvoir" comme sa mère se plaisait à l'appeler, n'était pas si extraordinaire, juste ... réconfortant. Il se promenait donc sous les trombes aqueuses, en vaquant à ses pensées devenues liquides. Il se sentait simplement bien, et ne voulait pas rentrer, pourtant après quelques heures de dérive solitaire, il devait bien admettre qu'il s'était perdu, et devait trouver un abri, ou tout au moins un repère. Il détecta une forme sombre et immense devant lui, et, sans forcer l'allure, s'y dirigea. En s'approchant, il mit un nom sur le bâtiment : une vieille église très grande, ou une vieille cathédrale assez petite. Bah, ça fera l'affaire. Il poussa la porte, et ne fut pas surpris de découvrir deux autres personnes qui se réchauffaient près des bougies. Deux jeunes filles, à première vue. La première était une de ses camarades, Shizuru Kagame. Celle qui l'accompagnait lui était inconnue. Il resta à distance, toujours plongé dans ses pensées, et s'allongea sans bruit sur un des bancs humides. Il n'a jamais été croyant, et ne voyait pas d'autre utilité à ces bancs.

"Bonjour. Je m'appelle Karin, et rassures toi, tu ne me déranges pas du tout."

La belle Sushi était enchantée d'entendre la voix de son interlocutrice. Rares étaient les fois ou on lui répondait, et ce parce que lorsqu'elle commence à parler, elle ne s'arrête pas!

"Karin? Quel beau prénom! Ça fait fille/garçon ça non? Tu sais, j'avais une amie qui s'appellait Camille, ça ne lui plaisait pas trop parce que ça fait fille/garçon... J'espère que toi tu le vis bien! Enfin y'a pas vraiment de quoi mal le vivre non plus... Faut dire que ma pote était très susceptible. C'est vraiment cool comme prénom dans tous les cas. Et donc, tu est scolarisée où? Moi je suis à Lumen!

Shizuru commençait à trembler. L'eau devenait de plus en plus glacée, ci-bien qu'elle se mit à claquer des dents. Elle essora le bas de sa robe, et se frotta les bras afin de se réchauffer. Tandis que sa nouvelle rencontre finissait de lui répondre, elle l'interrompit en s'exclamant:

"MON BRACELET!"

Brisant alors le silence et faisant retentir un écho pendant plusieurs minutes. La jeune femme était affolée: Elle venait en effet de se rendre compte de la perte d'un des bijoux les plus précieux à ses yeux. Elle pâlit, se laissa tomber sur les genoux et se figea, telle une statue. La jeune femme était tellement bouleversée que quelques larmes se mirent à couler sur ses joues.

"M... Maman..."

Souffla-t-elle d'une voix tremblante, tout en baissant la tête. Lorsqu'elle pensa à toutes les conséquences que cette perte pouvait avoir sur le reste de sa vie, elle pleura de plus belle, essuyant tant bien que mal ses larmes.

Karin se trouvait plutôt gêné avec elle en fait. Elle parlait beaucoup, un peu trop vite pour lui, il n'arrivait pas à en placer une ni à répondre à ses questions. Mais il ne voulait pas paraître très impoli alors il la laissa continuer ; il lui répondrait ensuite. En attendant, il la regardait, pas trop fixement pour ne pas paraître d'un pervers. Elle tremblotait. Karin aurait bien voulu lui donner sa veste, mais il aurait froid aussi... Ses réponses attendrait la fin de son long discours.

A un moment, il remarqua son expression changer. Sa voix aussi s'arrêta pour reprendre dans un hurlement qui le surprit. Que devait-il faire dans cette situation ? Il ne savait pas. Peut-être devrait il la réconforter ? Mais ils ne se connaissaient même pas. D'un côté, il ne devrait pas la laisser pleurer toute seule. Karin rechercha de l'aide en regardant partout dans la salle. Il y avait un autre adolescent, mais Karin se voyait mal lui demander de l'aide. Le blond lui lança simplement un regard de détresse tandis qu'instinctivement, il tapota l'épaule de la fille. Il sortit un mouchoir en tissu de sa poche. Ce tissu n'était pas utilisé, mais servait dans ce genre d'occasion.

- Tiens.

Karin se baissa à sa hauteur pour lui passer le bout de tissu, sa façon à lui de la consoler. Puis il remarqua qu'elle avait mentionné un bracelet. Ça devait avoir une forte valeur sentimentale à ses yeux car elle était tout de même en pleurs. Le jeune homme était plutôt curieux de savoir la raison de ses pleurs, mais il n'allait pas remuer le couteau dans la plaie.

Cela lui rappela la première fois où il avait pleuré de cette façon. Un nœud se forma dans son ventre.