[Les couloirs]Chapitre VI : Rencontre innatendue [PV: Mahelle Perrin] [Terminé]

Chapitre VI : Rencontre innatendue

C'est une journée comme les autres, des plus banales. Les heures passent et repassent, toujours les mêmes. Le week-end est passé rapidement, rapidement, à part la rencontre d'une jeune fille à la librairie, une jeune fille étrange et mignonne comme tout, il n'y avait rien eu d'inhabituel. Marchant doucement, comme pour aller mourir, Kenshin airait dans les couloirs de ce fameux lycée, qui lui avait les portes dans l'espoir de l'instruire, trois ans plus tôt. Car oui, c'était sa deuxième terminale. Il ne doute pas de ces capacités, ne veut seulement pas les exploités. Selon lui, c'était inutile de vouez sa carrière à la même idée ou le même objectif. Sachant que le sien l'avait quitté il y a maintenant presque huit mois. Adolescent souvent, on a nos crises d'ados, des critiques comme quoi ce qu'on donne n'est jamais le meilleur de soi-même, alors on se donne à fond parce qu'on souhaite plaire à ses parents, à ses proches. Mais quand on n'a plus de proches, que les seules personnes qui te faisait avancer, n'étaient plus de ce monde. Certes, il lui reste sa petite sœur, Nana, maintenant âgé de neuf ans. Mais il ne pouvait se raccrochée à une fille qui allait le lâche une fois ses études terminées, ce qui est normal, ce n'est que sa petite sœur et rien d'autre. Soupirant, Kenshin se laisse tomber contre le mur du couloir. Un souffle chaud et humide sort de sa bouche. Fermant les yeux, il l'a revoit un instant. Heureuse, les cheveux au vent. Son sourire orne encore son esprit. Son cœur. Son âme. Tout ce qu'il est n'est qu'est le fantôme d'elle-même. Une lame enfoncé loin dans son âme. Et puis les souvenirs se changent. Les images du sang, sur ses mains, sur son corps. Des images qui font perler une larme sur sa joue. Cette larme continue sa lente agonie vers le sol, comme Kenshin continue son agonie vers la mort. Cela fait maintenant depuis Dimanche matin qu'il n'a rien avaler. Repartir en dépression comme la fin d'année dernière ? Très peu pour lui. Il aimerait s'en sortir, mais il ne le peut. C'est comme cela. Il y a des fatalités de la vie que l'on ne peut résoudre. La sonnerie retentit une première fois, puis une deuxième. Les élèves vont et viennent, mais il ne voit plus rien. Caché derrière une mèche blanche, il ne réagit. Omnubilé par ses pensées, il reste là, de glace, comme un flocon de neige qui vient de tomber et réaliser que la terre ferme n'a rien à voir avec les nuages. C'est dur et sans avenir pour le petit flocon. Comme Kenshin.
Les personnes disparaissent, le couloir est vide. Du moins c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce que des pas se font entendre.

Il regarde la jeune fille, un air perdue semble accompagné son visage lorsqu'il pose ses yeux sur sa chevelure noire. Elle est jolie. Ca en reste là. Des filles jolies, il y en a pleins. La chose rare, c'est que Kenshin remarque ce détail. Elle lui tends la main. Le jeune homme regarde cette main tendu un instant. Il n'a pas eu de contact avec une demoiselle depuis longtemps. Depuis Anna, en fait. Il remarque ensuite ses yeux. Noircis, humides. Elle aussi se sent mal. Cela ce voyait, se sentait. Alors, il prit cette main qu'on lui tendit. Doucement, il glissa ses doigts dans ceux de la jeune femme et se releva. La regardant droit dans les yeux un instant, puis la prit dans ses bras. Il pleure avec retenu, laissant aller ses larmes sur les épaules de la demoiselle une fois qu'elles avaient rouler le long de sa joue. N'avait-il jamais pensé que cela pouvait la gêner ? Que l'étreinte du jeune homme pouvait la mettre mal à l'aise ? Ou s'en fichait-il simplement ? Kenshin continua ainsi quelques secondes avant de rouvrir les yeux et de lâcher son emprise. Il lâche également sa main et se retourne en direction de la fenêtre. Les cours commencent, mais sans lui. Un soupir, humide et chaud, sortit de sa bouche et fit de la buée sur la vitre. Rentrant sa main dans sa manche, il essuie la buée de la vitre et observe les gens. Certains sont pressés, d'autres cours, encore certains pensent que ce n'est pas l'heure. Il ne sait pas comment réagir, comme elle va réagir. Il baisse les yeux et attends un signe de sa part, rangeant ses mains soigneusement sans ses poches.

« Je m'appelle Kenshin. »

Il ne sait pas pourquoi il lui a dit son nom, mais valait peut-être mieux commencer par là, après tout, elle l'avait aidé, en quelque sorte.

« Et toi ? »

Il reprit son souffle.

« Oh, et pardon. »

Comme s'il pense qu'il fallait excuser son geste. Il soupira un instant, reprenant ses pensées.

La jeune fille s’appelle donc Mahelle. Quelle importance, aucune. Elle ne s'appelait pas Anna. Pourquoi l'aiderait-il, alors ? Il soupire de nouveau, cherchant quelque chose dans ses poches qu'il ne trouve pas. Il regarde la valise de la demoiselle, se doutant donc qu'elle venait d'arriver. Tout deux séchent les cours, comme deux rebelles. Ce n'est pas son cas. Kenshin n'est pas le genre rebelle mais en ce moment,  il n'a juste pas le cœur à écouter quelqu'un parler pendant quelques heures. Il sera puni pour ça, il s'en fiche royalement.

« Tu es donc nouvelle. »

Constate-t-il tout haut en faisant un signe vers la valise.

« Je suis en Terminale.. Quelque chose »

Il ne se souvient plus du nom de sa classe. Y en avait-il seulement un ? Lassé de la situation, il s'approche de la jeune fille encore une fois et prends son menton entre ses mains.

« Ton regard lui ressemble beaucoup trop. Tu n'es pas la seule fille avec ce regard d'innocence, seulement la seule que j'ai touché depuis un certain temps »

Il ne sait pas pourquoi il vient de dire ça. Le jeune homme lâche Mahelle soudainement et secoue sa tête. Un sourire faible vint orné son visage si pâle et si dénué d'expression. Il pensait à ce qu'il venait de dire, voilà la raison de son sourire. Il est pathétique et le sait bien. Ces larmes ont séchés maintenant et il n'a plus ce regard  triste. Seulement ce regard vide.

Il regarde la bouche de la demoiselle un instant.

« Ca aussi, ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti ce que ça pouvait faire.. »

Que lui arrive-t-il ? Avait-il seulement envie de retrouver ces sensations ? Il devient fou, il le sait. Désespéré de son amour perdu. Près à tout tenter pour aimer à nouveau. Mais non, quelque chose l'en empêche. Soudain, à la place du visage de Mahelle se trouve celui d'Anna. Sans réfléchir, Kenshin approche son visage du sien et murmure un faible « Anna... Tu m'as manqué.. » et puis, comme il est apparu, le visage s'en va et redevient la jeune femme. Choqué parce ce qu'il allait faire, Kenshin recula de deux pas, les yeux grands ouverts et s'effondra sur le sol de nouveau, riant à gorge déployé.

« Je deviens fou. Ce n'est peut-être que le châtiment que l'on me reserve avant que je ne meurs à mon tour »

Ce confier comme cela ne lui ressemble pas. Il se laisse aller, pour une fois dans sa vie, Kenshin baisse les bras et fond devant une inconnue. Il ne la reverra surement jamais, c'est sûrement pour ça qu'il se dévoile. Qu'il montre l'homme froid qu'il n'est pas, mais l'homme détruit qui le ronge de l'intérieur. Dans un dernier souffle, il murmura encore, dans le vide.

« Anna... Reviens-moi... »

Kenshin... Kentin... Quelle ironie du sort pour le jeune homme. Des prénoms si ressemblant et pourtant, il est persuadé que tout les distingue. Alors pourquoi s'obstine-t-elle. Peut-être est ce une façon pour elle de le ramener à la vie, une façon de lui faire ouvrir les yeux. Elle a du vivre quelque chose de similaire et pourtant, elle est toujours là elle aussi. Une idée lui traversa l'esprit, une idée folle, mais une idée tout de même. Il ne se releva pas, mais d'une main encore légèrement tremblante par l'agonie qui le maintient en vie, agrippe le tee shirt de la demoiselle et lève ces yeux encore rouge et humides vers elle.

« Pourquoi... Nous n'irions pas les rejoindre ?... »

Ils ne se connaissent pas, mais il lui demande de se suicider avec lui. C'est une idée folle, je vous avez prévenu. Plus rien n'abrite ce corps, cette dépression qui le hante depuis plusieurs mois, cette dépression qui le tue à petit feu. Kenshin est a bout de force, ces forces l'on quitté en même temps qu'Anna. L'amour fait mal, le saviez-vous ? A un point inimaginable, et lorsqu'on aime à mourir, cela donne cela alors que l'être aimé vous quitte avant vous. Une épave, jeté sur le bord d'une route. Un SDF qui a perdu sa maison, son toit, son confort... Une mère qui a perdu ses enfants, un mari qui a perdu sa femme. Il lâche doucement son emprise, laissant sa main redescendre lentement vers lui. Un sourire orne son visage à présent, un sourire qui en dit long sur la détresse du jeune homme. Ce n'est pas un appel au secours qu'il fait, puisqu'il n'a plus personne sur qui compter.

«  Que dis-je.. Tu as sûrement une famille qui t'aime. Qui t'attends quand tu rentres pendant les vacances. Peut-être même des frères et sœurs.. »

Lui aussi a une sœur, mais il l'oubliait que trop souvent. Rien que son prénom lui faisait penser à sa petite amie décédée. En elle, elle portait deux syllabes. Nana. Cela signifiait Sept, et il lui avait donné ce nom parce qu'elle avait eu la chance de ne pas finir jetée d'un immeuble par son propre frère à sa naissance. Il n'aurait jamais pensée que ce serait le cauchemar de sa vie, quelques années plus tard, que de prononcer son prénom. Alors il l'appelait simplement Petite sœur. C'était amplement suffisant et il mérite au moins cela pour ne pas souffrir d'avantages. Ces temps-ci les moments où il pense à Anna sont de plus fréquent. C'est le signe qu'il doit quitté ce monde. Seul. Il se releva d'un bond, n'essuyant pas ses larmes qui ruissellent à présent sans aucunes honte sur son visage emflée par la douleur.

«  Ecartes-toi. »

La jeune fille et la valise se trouve devant les escaliers qui mène au toit. C'est gênant de devoir la poussée violemment alors qu'elle a essayer de l'aider à se relever. Mais ma pauvre Mahelle... Kenshin ne se relèvera plus. Jamais.

«  Nous ne nous reverrons pas, inutile de parler. Ce n'est plus la peine. Retourne en cours »

Des mots froids passèrent par ses lèvres, mais il ne peut la regarder dans les yeux alors qu'il la pousse sur le coté pour pouvoir passé.

Il regarde inlassablement la demoiselle. Mahelle souhaite s'accrocher. Pourquoi le forcer a faire de même. C'était inhumain. Forcer les gens à vivre ne font que les forcer à faire des choses qu'ils feront plus tard si ce n'est maintenant. Il décide de l'ignorer et monte une marche. Elle s'accroche à lui. Il se stoppe, la mort dans l'âme et baisse la tête. Kenshin dégage son bras de l'emprise de la demoiselle.

« Laisse moi tranquille »

Murmure-t-il, dans un souffle d'élan. Mais la demoiselle ne cède pas et s'accroche encore. A cet inconnu. Cet homme qui n'est rien pour elle, elle se bat pour lui. Mahelle souhaite donc être son pilier ? C'est une question risquée. Une réponse osée. Une larme tombe encore sur le sol, une de plus. Pourquoi elle le fait souffrir comme cela, est-ce amusant pour elle. Il se dégagea encore une fois et des paroles parviennent à ses oreilles. Des paroles.. Un mot. Ensemble. Comment peut-elle dire quelque chose comme cela ? La colère monte et il ne peut la contenir. Serrant les poings, il se retourne brusquement, les dents serrées également.

«  Comment peux-tu croire qu'on forme un tout ! Personne ne sera jamais rien pour moi. »

Il glutta. Ses mots sont cruels, il le sait, il le sent. Cela vibre dans tout son corps. Mais au fond, il veut juste la protéger. Si elle à la force d'avancer, qu'elle continue. Il ne veut pas la tuer. Il a changer d'avis.

«  Je n'ai pas besoin de toi... »

C'est faux. Tout est faux. Pourquoi ment-il ? Il ne sait pas. Il ne sait plus rien. Tout est flou. Il veut mourir. Il vient de faire souffrir la seule personne qui aurait pu le consoler. Il est donc un monstre. Un vrai. Comment change-t-il de comportement ainsi. Ses poings se desserrent. Il s'en voulait d'avoir dis ça à cette inconnue.

«  Pourquoi... Tu me fais souffrir comme ça ? »

Il s'attache au seul espoir qu'il lui reste.

«  Mahelle... »

Il s'approche, descend d'une marche et pose sa main dans la sienne.

« Je suis perdu. Laisse-moi partir »

Il lâcha sa main, mais avait laisser dans celle-ci la chaîne qu'il portait au cou deux minutes plus tôt. Un présent pour ses efforts. Un souvenir. Tout ce qu'elle veut que ce soit. Kenshin lui vient de donner le seul souvenir qu'il a d'Anna. Sa chaîne en argent avec un petit chat au bout de celle-ci. Les larmes ne cessent de couler alors qu'il monte les escaliers en courant. Serait-ce la fin ?

Alors que tout semble perdu, qu'il n'y a plus d'espoir et qu'elle ne le pardonnera sûrement jamais. Il ne reste que quelques marches avant le jugement. Son jugement. C'est son heure, il le sait. Mais cette voix qui l'appelle. Qui crie son nom. Mahelle. Kenshin hésita. Regarde cette porte qui mène au toit et puis serre les poins de nouveau. C'est alors qu'une réaction des plus inattendue se produit. Là où il y avait un homme désarmé et droit comme un I, ne se trouve plus maintenant que les marches, vides. Kenshin est redescendu, et se tient accroupi, par terre, enlaçant Mahelle dans ses bras. Elle l'a aidée du mieux qu'elle pouvait, mais ce n'est pas suffisant pour lui. Alors, d'un geste du doigt, il frôle son oreille et y replace un cheveu, puis relève sa tête, doucement avant de la regarder dans les yeux.

Il lui sourit. D'un sourire de gratitude.

« Merci, Mahelle. »

Ces mots ne sont peut-être pas ceux qu'elle espérait, mais c'est ceux qu'il lui donnent. Il dépose alors un baiser sur son front et se relève, pour lui tendre la main.

«  Allons t'installer dans ta chambre. »

Et puis il murmura.

«  A partir de maintenant, c'est moi qui veillera sur toi. »

Kenshin a réalisé que la jeune fille a sûrement plus besoin d'aide que lui en a besoin. Il prit donc son courage à deux mains et décide de vivre, pour lui faire honneur. Cette inconnue qui ne l'est plus. Il lui tiendra la main jusqu'à ce qu'elle décide du contraire. Il la relèvera à chaque fois qu'elle tombe. Il l'aidera quand elle aura besoin d'aide. Mais surtout, il fera tout pour voir son sourire.