Le lycée était bruillant en ce lundi de rentrée. Il était 8h15 et Emi venait de dépasser le portail. Elle fouilla dans son sac et ressortit pour la dixième fois son emplois du temps, vérifiant encore et encore l'heure et le lieu de son premier cours.
Elle jeta un oeil à la grande façade, doucement éclairée par le soleil et tira machinalement sur sa robe. Cela lui faisait tout drôle de ne plus porter l'uniforme comme au Japon, avec cette jupe courte sous laquelle les pervers jettaient un oeil dès qu'ils le pouvaient, rendant la vie impossible pour les pauvres écolières. Au moins, avec ses vêtements gothiques, noirs, longs et exentriques, elle était tranquille quand elle se baladait dans les rues de Tokyo. Là-bas on voyait de tout et Emi aimait ça. Il y avait un quartier pour chaque style, chaque genre, chaque passion, etc. On pouvait facilement se fondre dans son monde, les gens étaient de toute façon trop pressés pour réellement s'arrêter sur chaque personne, à part peut-être les voyous décolorés...
Mais, pensa-t-elle, ici on nous dévisage carrément, voir on nous regarde de travers. C'est étrange je ne pensais pas qu'en France, les gens étaient moins tolérants encore, il y a tellement peu d'exentriques, les jeunes au lieu de s'amuser se conforme déjà au moule...
Elle regarda aurour d'elle.
"Déjà tellement d'élèves", soupira-t-elle.
Elle ne savait pas très bien où aller et se dirigea vers les couloirs après la première porte qu'elle rencontra. Elle croisa plusieurs élèves mais n'osa pas demander son chemin, déjà qu'ils la dévisageaient tous. Elle avait commencé à apprendre le français auprès de son père, puis avait suivi des cours intensifs durant les vacances avant de venir. Elle était douée déjà au collège dans les langues mais son manque de confiance en elle l'empêcha d'entamer un dialogue. Elle se contenta de redresser la tête, afficha un air indifférent et marcha droit devant elle.
Seulement, elle se retrouva vite perdue, elle n'avait pas eu l'occasion de faire la visite de l'établissement.
Quand elle vit l'heure et qu'elle comprit qu'elle était en retard, elle pesta contre le lycée et contre elle-même. A présent, tous les élèves étaient dans leurs classes et c'était encore plus gênant de toquer au hasard à une porte pour demander son chemin. Désespérée, elle s'applatit, tête contre mur, réfléchissant, puis se décida à refaire encore un tour des couloirs.