[Avertissement archivage]Ma vie c'est d'la grosse merde... [PV Emi]

Une semaine. Cela faisait une semaine qu'il n'avait pas revu Emi une seule seconde.
En même temps ce n'est pas en restant allongé sur son lit à fixer le plafond d'un air morne qu'il allait la revoir.
Sera était tout de même allé en cours mais comme ils n'étaient pas dans la même année cela n'avait rien changé, il ne l'avait même pas vu dans les couloirs.
Et puis de toute façon elle avait bien préciser très clairement quelle ne voulait plus "le revoir".
Mais il aurait au moins voulu s'excuser... parce qu'en une semaine il avait largement eu le temps de comprendre l'étendue de sa connerie et de s'en vouloir à mort.

Cette complicité qui s'était installée entre eux au fur et à mesure qu'ils avaient passé du temps ensemble venait de s'évanouir. Cela lui manquait horriblement et il se demandait même s'il n'aurait pas voulu inconsciemment qu'Emi devienne plus qu'une amie.
Ce manque qui l'oppressait était trop douloureux pour la perte d'une simple connaissance après tout, ce n'était pas normal de regretter autant ses actes à moins de considérer la personne blessé vraiment importante, à moins...d'en être amoureux par exemple...

Caché une des réserves de stockage de divers outils d'entretient et ménage qui étaient dissimulées dans les couloirs du lycée, Sera déglutit nerveusement.
Il n'était jamais vraiment tombé amoureux de quelqu'un et cela le stressait un peu... Mais il faut croire que la gentillesse d'Emi à son égard et ses petites réactions timides et gênées l'avaient plus touché qu'il ne le pensait.

*De toute façon elle doit me détester, ça servirait à rien d'essayer... Et puis elle aussi dit qu'elle n'aimait pas les gar- oh wait.
Mais alors, elle s'intéresse aux...FILLES ? Oh mon dieu non c'est pas possible ! J'ai jamais de chance ! *

Sur cette déduction logique, le moral de Sera creusa encore un trou dans le gouffre de la dépression et il se laissa glisser contre le mur jusqu'à faire le mort immobile par terre.

-"...Fuck."

Ce mot résumait tout ce qu'il pensait et il ferma un instant les yeux pour tenter de ce sortir de la tête toute cette histoire.

Ce fut un bruit très désagréable qui le réveilla et transforma instantanément toute sa dépression en irritation extrême et colère explosive.
Il rouvrit ses yeux et se releva en jurant.
Qui osait le déranger alors qu'il était dans un état pareil ?!

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Des voix fortes résonnaient dans le couloir :

-"Dis moi ma jolie ça te dirais de boire un coup avec moi tout à l'heure... Tu te rappelles de moi nooon ?"

-"Allez juste une fois... Tu me montreras tes peti-

-"OH PUTAIN ! TU VAS FERMER TA POV' GUEULE ET ME LAISSER MEDITER MON RATEAU EN PAIX OUI !! "

Sera venait d'envoyer valser la porte du placard à l'autre bout du couloir et de surgir de l'ombre tel un monstre enragé.
Il tourna les yeux vers l'intrus et eut la surprise de découvrir la magnifique gueule du mec qui les avait agressé lors du retour du restaurant.

-"Oh bordel."

Son cerveau s'arrêta et il ne réfléchit plus. Il fallait qu'il se défoule sur quelque chose, n'importe quoi ! Cette situation le faisait chier ! Et alors celui-là, mais il tomba parfaitement bien !
Sa main attrapa violemment l'homme et il le jeta à terre avant de s'asseoir à cali-fourchon dessus.

-"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! "

Il s'appliqua alors à hurler tout en frappant le mec avec ses poings, ne cherchant pas à se retenir. Plus il frappait plus il était énervé et moins il avait conscience de ce qu'il était en train de faire.
L'autre était déjà bien amoché mais il ne s'arrêta pas, perdant sa raison.

Quand enfin il remarqua que l'autre en dessous de lui avait perdu conscience, ses mains se stoppèrent et il se releva lentement, le souffle coupé.
En tournant un peu la tête Sera remarqua une autre présence derrière lui.

Ma vie c'est d'la grosse merde...

with Seraphina

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Une jeune fille aux cheveux bruns sortit en courant de l'internat et fila vers la classe de seconde. Elle en ressortit tout aussi vite deux heures après. Le soleil brillait haut, ce mercredi après-midi promettait d'être beau. Normalement les doux rayons illuminaient déjà les visages des élèves libres de sourires naïfs, alors pourquoi cette fille ne souriait-elle pas ?
Vous voulez savoir ?
Et bien tout simplement parce que son esprit était hanté par une seule chose...

Sera...
Sa dispute avec Sera...
Sera...

La japonaise n'avait pas revue le jeune homme depuis déjà une semaine...Elle avait tout fait pour l'éviter, manquant au début des cours, mangeant à d'autres horaires que ceux où elle passait habituellement à la cantine, ne sortant plus de sa chambre d'internat, longeant les couloirs sombres et sortant par les portes de derrière...Oui, oui, c'était si....stupide. Pour le coup elle avait bien réussit et ne voyait plus personne.

Emi avait toujours eu l'habitude d'être seule mais maintenant qu'elle avait rencontré le norvégien, ses sourires, ses colères, ses taquineries... Quand il n'était plus là tout semblait vide et silencieux autour d'elle et il y avait cet étrange sentiment de solitude qui accaparait tout son être.
Elle en était venu par moment à ne plus savoir pourquoi elle s'était fâchée avec lui.

Pourtant...sa décision...elle l'avait prise pour se protéger.
Certaines douleurs mettaient encore trop de temps à se refermer. Sera avait beau être Sera...c'était un garçon.
Que pouvait-elle bien faire face à ça ?
Bien que pour la première fois de sa vie elle s'était enfin entendu avec un garçon... Peut-être même bien qu'elle le considérait comme un ami...juste un un ami ? En tout cas elle tenait à lui... Alors pourquoi l'avait-elle éloigné de sa vie ?
Bien qu'elle savait pertinemment que c'était parce que le contact masculin était impossible pour elle, et que visiblement le caractère du norvégien l'empêchait de se contrôler...c'était vraiment trop dur de ne pas apercevoir la chevelure rouge en bataille virevolter fièrement au milieu du béton terne et des têtes endormis des autres.

Aaah...la vie était si compliquée parfois...pour pas grand chose.

Le vent soufflait doucement, emportant avec lui les dernières feuilles mortes de l'automne. Elles s'envolaient dans un ballet parfait, valsant, tourbillonnant sur un chemin invisible qu'elles seules connaissaient, emportées par un air de liberté. La jeune fille s'arrêta et les suivit des yeux un instant...nostalgique, se surprenant à rêver d'être aussi légère que ces petites feuilles. Son cœur se gonfla et elle pria le ciel de la soulager bientôt de ce poids sur la conscience.
C'était maintenant qu'elle aurait voulut voir son père...pour lui demander conseil. Pourquoi les parents n'étaient-ils jamais là quand on avait réellement besoin d'eux ? Et on s'étonne qu'on puisse avoir si peu confiance dans le monde et ses hommes ?

Bref, à remuer des idées noires comme ça, elle n'allait pas faire avancer quoi que ce soit mais plutôt reculer d'un bond. Il fallait qu'elle réfléchisse sérieusement à la suite.
La jeune fille, perdue dans ses pensées, s'était arrêtée dans un coin de la cours.

Un groupe s'avançait dans cette direction. Un groupe de...garçons.
Les voix la firent sursauter.

*Rooh c'est pas vrai, on peut jamais être tranquille...attends....Je les ai pas déjà vu ? *

Effectivement, le garçon aux cheveux foncés qui parlait fort à ses potes, qui racontait visiblement une blague stupide semblait être leur "leader "...et c'était le même imbécile qui les avait accosté dans la rue le soir où ils avaient été à l'extérieur.

*Aah manquait plus que lui... *

Visiblement l'autre la reconnu aussi...(en même temps en étant asiatique avec un haut à rubans noir, une jupe violette et des collants rayés...on passait difficilement inaperçu).

- "Hé ! Regardez qui voilà ! La goth qui se baladait l'autre nuit avec le con aux cheveux rouges !"

*Quoi ?!!!! Pff quel merdeux celui-là ! *

- "Hé ! Hé ! Ouais toi ! Je sais que tu m'entends ! Et viens là ! Alleeeez viens quoi !"

- "Va voir ailleurs si j'y suis, j'ai autre chose à faire que de perdre mon temps avec des idiots pareils..."

- "Quoi ? Ah ouais ? Tu vas voir c'est qui l'idiote ! Allez viens merde, on va s'amuser un peu."

*Urgh...la phrase qui donne pas du tout envie de s'enfuir à dix kilomètres de là *

Le cœur de la jeune asiatique battait à tout rompre. Elle respira un grand coup pour essayer de le calmer, se retourna...et balança un doigt d'honneur en direction du groupe qui riaient de leur connerie.

- "J'ai déjà répondu ! Va te faire !"

Et elle se dépêcha de ramasser son sac pour se précipiter dans un des bâtiments de l'école, sentant que les jeunes cons se rapprochaient et visiblement avaient décidé de l'emmerder.

- "Et viens salope ! On va s'amuser un peu, reviens !"

*C'est ça ouais ! Nan mais il croit sérieusement que je vais me retourner, ouvrant les bras et criant la bouche en cœur : "oui, amusons-nous !" ??*

Elle accéléra le pas et finalement pris l'escalier pour atteindre les étages du haut. S'il y avait du monde ces bouseux ne tenteraient rien.

Un peu essoufflée elle s'arrêta dans un couloir vide. Une main se posa sur son épaule et elle sursauta.

- "Alors, t'as voulu te barrer ? Tu vas voir je vais te faire regretter ton attitude."

C'est alors qu'il la plaqua contre le mur. Emi se débattit hurla, tapa, mordit et finalement parvint à se dégager. Elle se mit à courir sans réfléchir vers le fond du couloir, mais l'autre garçon la rattrapa en deux secondes. Et il n'était pas seul. Deux autres mecs la retenaient à présent par les bras. Leur chef s'approcha d'Emi doucement...

-"Dis moi ma jolie ça te dirais de boire un coup avec moi tout à l'heure... Tu te rappelles de moi nooon ?"

- "Hn ! Dégage !"

Il passa alors une main sur sa poitrine, puis la glissa sous son haut pendant que l'autre caressait son cou et ses bras.

- "Aaah..."

Un petit son écorché sortit avec difficulté de sa bouche. La jeune fille en panique était tellement tétanisée par la peur qu'il lui était impossible de sortir le moindre hurlement. Elle était tellement choquée qu'elle ne pensa même pas à se défendre, son cerveau ayant totalement gelé. Un souvenir de mains la déshabillant, lui touchant la peau là où elles n'auraient pas du, des mains familières qui avaient abusées d'elle....son cauchemar était complet maintenant qu'à nouveau on la touchait contre sa volonté, de force...

- "Allez juste une fois... Tu me montreras tes peti-

Attends il a dit quoi ? Que je le reconnaisse... ? Que je lui montre... ? Aah c'est vrai c'est pas lui qui me touche c'est un autre connard...Non...Il ne doit pas me toucher....ne doit pas me voir nue non plus...A l'aide ! J'ai besoin de quelqu'un...Ah ! Lui ! J'ai besoin de lui ! Je veux que ce soit lui ! Par pitié Dieu faite le venir je vous en prie !! Seraaaaaa !

- "...eraaaa..."

Sa gorge était toujours incapable de crier et le pauvre petit son qui appelé le jeune homme s'effaça presque aussitôt.

Mais alors ? Qu'est-ce que c'était que ça ? Une voix....au loin... qu'elle connaissait. Le connard avait arrête de la toucher. Il y avait pleins de bruits de coups. Il hurlait et suppliait. Que se passait-il ?
Les yeux troubles de la jeune fille sous le choc ne voyaient même pas la chevelure rouge qui s'agitait à moins d'un mètre devant elle sous l'effet de la colère.

Soudain, la prise se desserra et des bruits de pas qui courent résonnèrent dans le couloir. Les deux autres complices avait du s'enfuir... Ah...je suis...libre ?
Mais le sentiment d’oppression était toujours là. Et les sales et honteuses images défilaient toujours devant ses yeux, ça ne s'arrêtait pas.

- "Sera...Seraaaa !" Appela-t-elle finalement, avant de se taire à nouveau .

La jeune fille glissa le long du mur et se recroquevilla sur elle-même.

- "Aaah...non..." Perdue dans un autre monde, des mots incohérents sortaient de sa bouche.

Soudain, une main musclée attrapa son bras pour la relever. Mais Emi hurla croyant à une nouvelle agression.

- "AAAAAH ! NOOON ! Me touchez pas ! Lâchez- moiiii ! Me touchez paaas !"

Et elle se mit à pleurer, à nouveau recroquevillée sur elle-même, yeux fermés, membres crispés, se couvrant les oreilles avec ses mains.

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Frapper. Quelque chose, ou quelqu'un, n'importe. Cela faisait toujours bien, un bien immense. Une sorte d'ultime échappatoire. C'était le genre de violence qui ressort avec un trop pleins d'émotions, qui ravage tout, ne laissant que des débris sur son passage. Alors qu'il hurlait sa frustration et se perdait dans sa rage colérique, il eut soudainement l'impression que quelqu'un avait prononcé son nom. Il ne savait pas qui et où mais cela le calma un peu et il ralentit ses coups, jusqu'à les arrêter. Et à ce moment là, il se foutait totalement d'avoir brisé des membres et rendu quelqu'un inconscient. Quand il se stoppa enfin et se releva, il se sentit complètement vidé. Il n'y avait plus rien dans sa tête... Sur le coup il ne pensait plus, c'était le blanc total. Il avait oublié tout ce qu'il c'était passé avant. Emi, son rateau, sa dépression, sa colère...Tout était parti en fumée. Cela dura quelques minutes, le temps que quelque chose d'autre attire son attention, quelque chose qui acheva de lui faire tout oublier, même le mec étalé devant lui.

-"E- Emi... ?" dit-il en reprenant soudainement ses esprits, regardant la forme recroquevillée sur elle même.

Il sursauta et s'avança brutalement, soudainement inquiet de ce qui lui était arrivé, car elle n'avait pas du tout l'air en bon état, et attrapa son bras pour lui parler. Ce qui provoqua chez la jeune fille un élan de peur et d'agressivité qui laissa Sera sans voix. On aurait dit qu'elle se battait contre un ennemi invisible... En tout cas elle ne semblait pas le reconnaître. Il essaya de la secouer pour obtenir une quelconque réaction, puis commença à devenir de plus en plus agacé et inquiet à la fois.

-"Eh ! Oh ! C'est moi ! OH BORDEL EMI C'EST MOI SERA ! TU VAS REVENIR SUR TERRE UN PEU ! MERDE ! " finit-il par hurler en la secouant comme un prunier.
-Ah Sera et la diplomatie... <3 -

En réalité il ne savait pas trop comment réagir autrement ... Mais il finit tout de même par soupirer un bon coup lenteeeeeement, passa ses bras autour de sa fine taille d'un geste apaisant et la sera contre lui, posant son menton sur sa tête. Ah bah oui... Après tout il avait toujours voulu faire ça, enfin il le réalisa seulement en le faisant mais voilà... Peut-être que faire ceci améliora les choses plutôt que de la secouer dans tous les sens ? Il ne savait pas vraiment et savoura juste cet instant, toujours un peu inquiet de l'état mental d'Emi.

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-"Ce... C'est bon ?" osa-t-il enfin demander, brisant le silence qui s'était installé dans le couloir. Pendant cette petite pause, il avait malheureusement eu le temps de se remémorer ses souvenirs cette fois-ci. Il relâcha son étreinte, évitant de regarder le visage d'Emi. Ses yeux passèrent un instant sur le corps évanouit et la porte défoncée et il réprima en frisson d'horreur en grimaçant, se demandant si c'était vraiment lui qui avait fait ça.

-"Ah... Je... Je vais appeler une ambulance je crois..." dit-il en regardant l'homme inconscient. Il y avait du sang sur ses vêtements, c'était pas très bon signe. Sera pianota rapidement sur son portable, les doigts tremblants, ayant soudainement peur de devenir un meurtrier. Il donna le lieu de l'endroit et raccrocha, essayant de calmer sa respiration trop rythmée à son goût.

-"Bon euh... On s'en va nous !" dit-il enfin.

Il réglera son problème plus tard, de toute façon ils allaient bien découvrir à un moment où à un autre que c'était lui qui avait fait ça, mais c'était hors de question qu'Emi soit embarquée là dedans. Il décida donc de fuir pour l'instant et de l'emmener ailleurs. Sa main attrapa le bras d'Emi et il commença à sortir du couloir, prenant une autre direction.

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Quelques minutes plus tard ils étaient dans la chambre de Sera. Ce dernier lâcha le bras de la jeune fille, fit quelques pas en regardant les affaires éparpillées d'un air vide -c'était le bordel vu qu'il avait passé la semaine à déprimer enfermé- et finit par s'avachir sur une chaise.

-"Bon... Je... Je sais que tu ne veux plus me revoir mais... Je voulais au moins te dire que j'étais désolé. Voilà."

Ces excuses ne représenteraient sûrement rien pour elle, mais pour lui c'était beaucoup, c'était sa conscience qui s'apaisait un peu et ses regrets qui restaient toujours aussi vifs mais qui mordaient un peu moins. Il n'allait rien lui avouer d'autre, cela serait tout à fait inutile. Mais par contre, il était profondément choqué de ce qu'il venait de voir, je veux dire, il n'avait jamais pensé que son traumatisme soit aussi profond, ce qui au final lui fit regretter encore plus ce qu'il avait fait. Maintenant il désirait vraiment savoir ce qui lui était arrivée pour qu'elle devienne comme ça...
L'autre chose qui l'avait choquée, c'était qu'il avait bien faillit tuer quelqu'un sans s'en rendre compte. Quand il y repensa, cela lui fit peur. Il faudrait vraiment qu'il fasse quelque chose pour son manque de sang-froid.

-"Oh merde..." murmura-t-il en fixant le sol.

Il se leva, frotta ses cheveux d'un air agacé et sorti une clope de son paquet. Oui. Il allait fumer à la fenêtre de sa chambre. Fuck le réglement, dans l'état de stress où il était, il avait besoin de fumer. Tout de suite.

Ma vie c'est d'la grosse merde...

with Seraphina

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Quelqu'un appelait son nom.... Oui quelqu'un l'appelait. Pourtant Emi ne réagissait pas. Quand soudain elle se sentit secouée d'avant en arrière, elle se laissa ballotter, priant que l'ignoble personnage qui la touchait et qui, visiblement en colère, attendait une réaction d'elle, ai fini. Peut-être que Maman n'allait plus tarder...
Pourquoi ? Mais pourquoi ce cauchemar recommençait-il ? Tout s'était terminé depuis longtemps...alors pourquoi revivait-elle tout dans le moindre détail ? Ah oui...un con l'avait touché, ils étaient même plusieurs à la tenir et elle n'avait pas pu supporté le contact...et avait donc disjoncté.

*Mais...Qu'est-ce que je fais ? Où je suis ? Ah...on m'appelle...je connais cette voix...*

Tout à coup des bras l'entourèrent. D'abord la jeune fille eu peur puis se calma peu à peu, ses tremblements cessèrent alors que l'étreinte se resserrait sur elle, doucement mais fermement. Des mains protectrices la tenait. Un corps chaud dont les battements de cœur résonnaient contre elle dans un rythme régulier la rassurèrent, l'enveloppant d'une atmosphère protectrice. Sa tête cessa de tourner, les images stoppèrent nettes et elle soupira, fermant les yeux. Son nez collé contre la peau chaude d'un torse pourtant masculin, la jeune fille reconnut l'odeur teintée de tabac d'un certain garçon aux cheveux rouges en bataille.

*Sera... *

Alors il était là ? Comment faisait-il pour apparaître toujours quand elle avait le plus besoin de lui, alors qu'elle lui menait la vie dure ? Elle n'avait pas de réponse mais, apaisée, elle ne pouvait que se réjouir de ne pas être seule et d'avoir une présence rassurante au milieu de ce chaos.

-"Ce... C'est bon ?"

Sera venait à nouveau de lui parler. Mais cette fois Emi avait la tête claire et pu lui répondre.

- "O...oui. Merci."

Il la lâcha soudainement et la japonaise écarquilla les yeux. Elle était à nouveau loin des bras rassurants et protecteurs. Son pouls s'accéléra sous le stress et le sol se mit de nouveau à tanguer sous ses pieds. Elle leva des yeux terrorisés vers Sera mais le jeune homme ne la regardait pas... Une pierre tomba dans son estomac. Elle aurait voulut lui crier : "ne me lâche pas !!", mais n'osa pas devant l'air soucieux qu'affichait le norvégien alors qu'il tapait un numéro sur son téléphone. La lycéenne s'inquiéta alors pour lui, elle n'avait pas fait attention à son état à lui...
Elle se décida à s'approcher discrètement et attrapa un bout de son tee-shirt entre ses doigts, ce qui lui suffit finalement à se calmer.
Elle tourna la tête dans la direction où Sera regardait et jeta un œil au mec étalé par terre, un peu plus loin.
Il n'avait pas l'air en bon état mais elle s'en fichait royalement. Il avait eu ce qu'il méritait, et si elle avait été en état, elle lui en aurait rajouté encore une couche.

Lorsqu'elle sentit le jeune homme se retourner, elle lâcha immédiatement son vêtement et s'éloigna légèrement en regardant par terre, un peu honteuse de son comportement et d'avoir été vue comme ça. Décidément, elle lui causait beaucoup de soucis.Il avait appelé l'hôpital et maintenant il lui proposait de partir de là. Emi se contenta de hocher la tête. Ce n'était effectivement pas une mauvaise idée de changer d'endroit.

Elle le laissa l'agripper sans broncher et la mener jusqu'aux dortoirs. Elle se retrouva une fois de plus dans la chambre du lycéen qui la lâcha et alla s'asseoir, affichant toujours une mine de déterré.

Emi poussa des vêtements, une boîte de chips, et s'assit timidement sur le lit, se remémorant ce qu'il venait de se passer. Comment avait-elle pu encore se fourrer dans un pétrin pareil et y impliquer Sera... Elle lui devait beaucoup....et même plus sans doute. Après tout il avait réussit à la calmer et la faire revenir à la réalité. Combien d'années cela faisait depuis qu'elle n'avait pas eu de telles crises ? Beaucoup.... Si elle recroisait ce type, il allait vraiment le regretter... Peut-être devrait-elle aller porter plainte au poste de police ? Il y avait un agent aux cheveux noirs et aux yeux bleus, assez jeune, qu'elle avait déjà aperçut. Il lui faudrait demander à Sera de l'accompagner...

-"Bon... Je... Je sais que tu ne veux plus me revoir mais... Je voulais au moins te dire que j'étais désolé. Voilà."

La japonaise ouvrit des yeux ronds. Allons bon, voilà qu'il s'excusait maintenant ! Avec cette satanée agression, leur dispute était loin derrière à présent. Il s'était largement excusé en la tirant de ce mauvais pas. Elle venait de réaliser que ce devait être lui qui avait réduit à l'état de vers de terre le connard qui l'avait touchée. Elle avait eu une chance incroyable que le jeune homme tombe sur eux par hasard et ne se barre pas, la laissant dans le pétrin...

- "Ah, euh...mais non c'est bon..."

*...c'est moi.*

Elle avait parlé doucement et n'était pas sûre que le norvégien l'ai entendu. Sa voix, à présent rauque, s'était brisée, fatiguée d'avoir tant hurlé et pleuré.

- "Et je veux encore te voir..." Souffla-t-elle, surprise qu'il ne soit pas en colère contre elle. Elle le regarda se lever jusqu'à la fenêtre et allumer une cigarette.

Au bout d'un moment de silence, elle se décida à l'interrompre. Il fallait quand même qu'elle lui dise...Oui elle fallait qu'elle le lui dise !

- "...Sera ? Euh...voilà, je voulais te remercier d'être venue à mon secours...vraiment....Je...je ne sais pas ce qu'il se serait passé sinon. Je suis désolée de m'être foutue dans une situation pareil et que tu es été obligé d'intervenir. Je...je t'en suis vraiment reconnaissante !! Et aussi je suis désolée....que tu m’ait vu dans un état pareil....Je n'ai pratiquement jamais ce genre de crise mais là...."

Elle s'arrêta, se remémorant la scène.

- "Ils...m'ont touchés. Je...n'ai pas supporté."

Un frisson la parcourut et elle secoua la tête.

Sans vraiment réfléchir, elle se leva et rejoignit Sera.
A nouveau, elle prit le bas de son tee-shirt dans sa main et le serra.

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Ses battements de cœur augmentèrent légèrement mais elle se sentait un peu mieux. Elle se rappelait aussi les bras réconfortant qui l'avaient entourée, la serrant contre lui.

Elle soupira et les mots qui traversèrent son esprit sortirent aussi par...sa bouche.

- "Sera, tu veux bien me faire....un câlin ?"

Puis entendant ce qu'elle venait de dire, elle se mit à rougir, embarrassée.

-"Aah, non c'est que...euh...désolée...si...si tu ne veux pas..."

Aaah non c'est pas vrai ! Elle avait osé lui demander !!!! En même temps....c'est qu'elle en avait envie.
Le jeune homme aux cheveux rouges ne lui apparaissait plus du tout de la même manière. Et c'était définitivement...son sauveur. Mais elle venait de lui montrer une facette particulière...vu ce qu'il avait vu de toute façon, elle allait devoir lui expliquer d'où ça venait et comment s'était arrivé.
En aurait-elle seulement le courage ? Elle hésitait encore un peu.

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Voilà... Fumer détendait, fumer lui faisait oublier son agacement. Sauf que c'était momentané. Il soupira, énervé et continua de fixer l'extérieur du lycée, calé contre la fenêtre. Il finit par soupirer à nouveau et se retourner brusquement pour aller mettre de la musique sur son ordi, avant de revenir contre la fenêtre, écoutant vaguement la voix du chanteur et le solo du guitariste. La musique avait elle aussi le don de le calmer, plus que la clope au final, plus que n'importe quoi d'autre.

Au bout d'un moment il prêta enfin attention à ce que disait Emi, qu'il s'était décidé à oublier le temps de calmer sa mauvaise humeur.
Tout ce qu'il put faire en l'écoutant fut d'abord d'être surprit de l'entendre s'excuser elle, alors qu'elle n'avait rien fait... puis d'être rassuré de savoir qu'il n'était pas détesté, puis enfin désolé pour elle et tout ce qu'elle semblait ressentir. Il ne bougea pas, le regard perdu sur la vue que donnait sa fenêtre, n'osant pas vraiment se retourner. Il n'aurait jamais pensé en arriver là un jour, depuis le moment où il avait rencontré Emi pour la première fois... Mais ce qui était fait était fait. En regardant la japonaise attraper un morceau de sa veste, il du s'avouer qu'il en était tombé fou amoureux. Seulement, il ne savait absolument pas comment réagir à ça... Il était bien sorti avec quelques personnes auparavant mais il n'avait jamais était autant...emballé.

Sera s'était d'abord résigné à ne rien lui dire et à laisser passer ce sentiment qu'il espérait éphémère et sans espoir, mais à voir l'attitude d'Emi qui ne semblait pas lui en vouloir pour tout ce qu'il avait fait, il n'arrivait maintenant plus à fermer les yeux sur ses sentiments. Mais il ne s'était pas encore décidé à lui dire. Pour le moment il n'avait aucune envie de risquer de briser leur amitié et il risquait de toute façon de lui faire encore de la peine, doué comme il était. C'était sûrement une mauvaise chose pour elle qu'il aille plus loin que là où ils en étaient actuellement. Le jeune soupira un bon coup et se retourna vers Emi.
Il glissa sur le mur pour s'accroupir à sa hauteur et l'entoura avec ses bras, profitant de cette chaleur et proximité.

-"Tu sais...Je... Tu n'es pas obligée de répondre mais j'aimerais...savoir pourquoi tu as peur." dit-il en se demandant s'il n'était pas encore en train de creuser sa propre tombe. Il posa sa main sur sa tête et caressa lentement ses cheveux, appréhendant un peu la réponse.

Mais après tout il voulait savoir, pour mieux la comprendre c'était nécessaire qu'il le sache. Il se doutait que ça ne devait pas être facile pour elle de parler de ça mais il voulait vraiment qu'elle le fasse, ou au moins qu'elle essaye.

-"Comme ça je pourrais...mieux t'aider." dit-il finalement en toute sincérité.

La voir comme ça l'énervait profondément, c'était aussi une des raisons pour lesquelles il voulait savoir.

Ma vie c'est d'la grosse merde...

with Seraphina

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La japonaise regardait le sol un peu gênée. Elle avait besoin des bras rassurants de son ami mais...c'était vraiment embarrassant de demander une telle chose. Et si il n'acceptait pas ? Ou lui rigolait au nez ?
Heureusement, les grands bras vinrent l'entourer très rapidement et elle se sentit soulagée. Il s'était baissé pour mieux se mettre contre elle.

Spoiler:

C'est vrai qu'il était vraiment grand ce garçon là... Tellement plus grand, plus élancé et plus baraqué que les japonais qu'elle croisait habituellement. En même temps c'était un scandinave...mais ouah la différence ! C'était vraiment flagrant. Cette peau blanche...ces grands yeux étincelants et clairs, ces cheveux épais et ébouriffés, cette mâchoire carrée, ces grandes et larges mains, ces longues jambes, ce grand torse confortable et musclé....non vraiment tout était si différent, si inhabituel, si exceptionnellement remarquable, comme sortit tout droit d'un livre. Étrange...étranger, oui, il faisait honneur à ses origines, sans compter son caractère. C'était vraiment...très étonnant et...attirant.

*Aaah Emi nan mais qu'est-ce que tu fais ? A quoi tu penses ? Est-ce que c'est vraiment le moment de remarquer à quel point son physique est...non je viens rien dire. Non je ne pense rien. Bref. C'est mon ami, il est venu à ma rescousse et......Ah...oui c'est vrai....Il s'est passé ça...*

Les bras de Sera l'avait bel et bien calmée en un instant. Elle avait oublié pendant quelques minutes la folie, la peur...la crise qu'elle venait d'avoir. Elle se serra un peu plus contre le jeune homme et enfouit sa tête dans son torse, toujours sans parler.

*S'il n'avait pas été là...Qu'est-ce que j'aurais fait ? Qu'est-ce que je ferais maintenant ?*

Oui...c'était dur de réaliser combien elle avait besoin de quelqu'un près d'elle, alors qu'elle était loin de sa famille, de ses amies. Et quelle famille ? Sa mère...ouais et une ou deux amies par ci par là au Japon. Elle était malgré tout très seule. C'était dur à admettre mais toujours toute seule, ça ne pouvait pas marcher. Elle avait besoin de quelqu'un pour veiller sur elle, qui puisse la soutenir le temps qu'elle retrouve son père.
En fait, Sera était toujours près d'elle. Et ce temps sans lui avait été particulièrement difficile à gérer et à supporter. Elle ne pouvait simplement pas se passer de lui. Voilà quelle place il avait pris à présent, voilà où elle en était aujourd'hui. C'était son ami cher et précieux. Elle voulait rester avec lui, s'entendre avec lui. Il ne fallait pas qu'elle lui fasse du mal. Si elle ne s'ouvrait pas comme avec les autres, il finirait par partir, lassé. Cette pensée lui faisait très peur.

-"Tu sais...Je... Tu n'es pas obligée de répondre mais j'aimerais...savoir pourquoi tu as peur."

Emi cligna des yeux. Son cœur se mit à battre plus fort et le stress monta. Lui raconter...ça ? Était-elle seulement prête ? C'était...si douloureux. Et beaucoup trop frais à cause de cette stupide altercation quelques heures plus tôt.

Elle sentit alors des doigts qui passait doucement dans ses cheveux. Ce geste réconfortant, presque paternel, la calma.

-"Comme ça je pourrais...mieux t'aider."

L'aider ? Il en avait déjà largement assez fait. Au moins, il semblait vouloir encore rester avec elle...Oui peut-être qu'elle devrait lui dire tout. Elle lui devait bien ça pour tout ce qu'il avait fait et surtout à cause de tout ce qu'il avait vu. Il devait comprendre. Ou il la prendrait pour une folle. Mais resterait-il encore après avoir entendu ça ? Il la trouverait peut-être dégoûtante. Peut-être que lui aussi dirait comme certains que c'était simplement sa faute à elle....Qu'elle avait mal interprété ces gestes, qu'elle souillait l'honneur de son beau-père avec ses propos. Que peut-être c'était elle qui l'avait chauffé en premier... Raah non ! Surtout pas ça...Mais elle avait besoin de Seraphina auprès d'elle, il fallait donc lui dire. Il avait le droit de savoir, et il le fallait pour mieux se protéger.

- "D'accord..., soupira-t-elle, c'est...délicat. Je promets pas de rester de marbre parce que...eh bien c'est pas facile. Laisse-moi juste le temps de remettre mes idées au clair. Euh...hm, on devrait s'asseoir."

La jeune lycéenne attrapa la main de son camarade norvégien et l'amena jusqu'au lit où elle s'assit. Elle resta un long moment silencieuse. Elle se remémorait tous les événements de son enfance et tâchait d'y mettre de l'ordre pour savoir où commencer et comment en parler. Préoccupée, elle n'avait pas fait attention qu'elle n'avait pas lâché la main de Sera.

Elle respira et souffla plusieurs fois pour calmer son cœur, puis se décida à briser la glace. Elle regardait vers ses pieds, triste et dépressive. Elle soupira et commença.

- "Voilà...Mon père français, dont je t'ai déjà parlé une fois, a quitté le japon, et ma mère en même temps, avant ma naissance dont il n'était d'ailleurs pas au courant. Ça n'est vraiment pas bien vu au Japon pour une femme de devenir mère si jeune si elle n'est pas mariée. C'est même vraiment très très mal vu. Elle aurait eu beaucoup de soucis vis à vis du regard des gens...Et même de sa propre famille. Sans compter pour refaire sa vie. Alors mes grands-parents l'ont poussée à se marier très rapidement, en lui trouvant un partenaire juste avant mon arrivée, pour cacher l'accident de la grossesse. Mon beau-père donc, n'était jamais trop présent. Il menait la vie dure à ma mère. Très froid et irrespectueux. Il rentrait tard, buvait...mais il rapportait l'argent qui nourrissait la famille et qui servait à m'élever. Je crois qu'au début il aimait ma mère mais...il lui en voulait de m'avoir eu. Enfin voilà, il ne s'occupait guère de moi et ne me parlait jamais, préférant m'ignorer. J'étais trop jeune et...je ne comprenais pas. Et puis pour moi c'était mon véritable père jusqu'à ce qu'il me dise le contraire un jour. Et puis...ça a commencé à déraper vers mes 6 ans. Il m'en voulait de plus en plus au fur et à mesure que je grandissais, persuadé que tout le monde pouvait voir que j'avais un autre père étranger. Enfin bref, au début je ne remarquais rien, sauf qu'il avait des attentions inhabituelles envers moi. Il venait avec moi quand je prenais mon bain, m'habillait, etc. Sauf que j'étais un peu grande pour ça mais il semblait faire passer ça sur le compte de vouloir rattraper le temps perdu et d'agir en père. Ma mère avait l'air heureuse alors j'ai laissé faire en pensant que c'était normal. Au bout de quelques mois, il me frottait la peau durant le bain...sans gants."

La voix d'Emi trembla et se brisa. Là commençait vraiment la partie la plus dure du récit. Mais si elle ne voulait pas entendre de "t'as mal interprété !", il fallait qu'elle raconte les choses en détail même si c'était pénible.

- "Donc...je ne savais pas trop, je ne voyais pas ça comme ça mais ça me gênait, je trouvais ça bizarre. Ça se transformait peu à peu en...caresses. Des...ca...des caresses sur tout le corps. Même en bas. C'est devenu régulier. Le soir, avant que ma mère rentre de son travail, il venait dans ma chambre pour me voir me déshabiller et me couchait sur le lit et il me touchait. Il me faisait promettre de rien dire où il me ferait du mal à moi et ma mère, il me menaçait. J'avais trop peur alors... Je serrais les dents et j'attendais... que le temps passe et que...ma mère rentre. Dès qu'il entendait les clés dans la porte il stoppait et...me faisait mettre en pyjamas puis allait voir ma mère comme si de rien n'était. Voilà, ça a duré longtemps, tous les jours j'angoissais de rentrer de l'école. J'avais tellement honte que je ne pouvais en parler à personne, pas même à ma mère...bien que je commençais à comprendre que ce n'était vraiment pas normal. Alors ma tête devenait vide et..."

Les larmes commencèrent à couler le long de son visage. Elle frotta ses joues et reprit.

- "J'attendais que le temps passe. Ça allait de plus en plus loin mais...il n'a jamais...il ne m'a pas...euh...enfin tu vois. Il ne m'a pas...pris ma virginité. Mais...au fond pour moi c'est tout comme je suppose. Un jour, il a eu un accident de voiture. Un gars n'as pas stoppé au feu rouge et lui est rentré dedans à grande vitesse. Il est mort pratiquement sur le coup. J'étais...tellement soulagé...Voilà. Ça m'a pris plusieurs années pour raconter à ma mère ce qu'il se passait dans la chambre avant qu'elle ne rentre du travail à l'époque...Et encore, je ne lui ai jamais donné les détails j'avais trop honte. Je savais ce que les adultes pensaient de moi...ça c'est ébruité plus ou moins en rumeurs dans la famille et la plupart ont pensés que je mentais parce que je ne l'aimais pas et ne l'avais jamais accepté en tant que père. Haha, évidemment une fille de 7 ans aurait été capable de se mettre nue devant son beau-père et de l'obliger à la toucher...ou bien de mentir pour déshonorer sa mémoire...c'est comme ça qu'on me voyait...que me voyait les hommes. Je les détestais tous. Je ne pouvais pas supporter qu'un garçon me touche, même à l'école sans faire une crise. Alors ma mère m'a emmené faire des thérapies, voir des psy... A force d'en parler ça c'est un peu calmé mais j'ai simplement trouvé tout les moyens possibles pour éviter d'être en contact avec eux. Déjà j'allais dans une école que de filles. Mais, j'étais vraiment honteuse de cette période, je ne pouvais en parler à personne et...je me suis simplement mise à rester dans mon coin. Haha, pathétique non ? L'histoire de mon enfance...tu sais tout. Je pense que tu saisis un peu mieux. Je....je suis vraiment désolée, j'aurais du t'en parler avant mais...je..vraiment je ne pouvais pas...Enfin, grâce à ce connard on dirait que je suis bonne pour retourner chez les psy ! Je...vais redevenir...misérable."

Elle s'arrêta là. Ses joues rouges étaient couvertes des traces laissaient par le sel. Elle soupira et se laissa tombée en arrière sur le matelas.

- "Aah, j'aimerais vraiment oublier tout ça et changer ! Merde ! Ça me pourrit la vie. Je ne peux même pas chahuter avec un ami comme une fille normale de mon âge...bref. Maintenant que tu sais...alors ? Vas-tu continuer à être mon ami ? Vas-tu me protéger des autres... ?...Vas-tu...m'aider à changer ? Je te dois beaucoup et....je t'apprécie énormément...et j'aimerais qu'on continue à être amis....qu'on regarde des films d'horreur ensemble, qu'on fasse le mur, qu'on aille manger en ville, qu'on s'amuse...J'ai envie de mener une adolescence normale tu sais. C'est juste....pas évident tout les jours. Je n'aime pas les gens et je n'aime pas les foules. J'aime les univers sombres et mystérieux, le lugubre et l'humour noire. A part ça je suis comme les autres je suppose, plaisanta-t-elle. Bon...en tout cas si je tenais ce crétin, je lui ferais bouffer ses yeux pour ce qu'il m'a fait aujourd'hui !!!! Vraiment, heureusement que tu étais là...et...je suis désolée de t'avoir surprise aujourd'hui avec mon comportement."

La jeune fille ne pouvait que s'excuser de tout. Elle aurait vraiment voulut réduire en bouillit ce crétin qui lui avait gâché sa journée et l'avait obligée à révéler à Sera une facette honteuse et une part sombre de sa vie...

[Avertissement archivage]Ma vie c'est d'la grosse merde... [PV Emi] 500px-10

Sera écouta sagement ce qu'Emi avait à lui dire. Il n'aurait pas pensé qu'elle lui réponde aussi directement d'ailleurs, c'était sans espoir de réponse qu'il avait posé la question. Au fur et à mesure que l'histoire avançait, il se sentait de plus en plus mal et regretta presque d'avoir été un peu trop curieux. Il n'osait pas imaginer réellement ce qu'avait du ressentir la japonaise depuis son enfance et afficha une mine indignée... Son beau-père, lui faire ça et ça et... C'était dégueulasse ! Comment de tels mecs pouvaient exister ?! Dommage qu'il soit mort parce qu'il aurait bien voulu lui arracher la tête de ses propres mains.
A la fin, il ne sut plus comment réagir. Qu'est ce qu'il était censé répondre pour ne pas blesser Emi ? Il était lui même très en colère, gêné et bouleversé, et même s'il avait par miracle réussit à ne pas exploser durant le récit, ça n'allait pas durer très longtemps. Sera inspira le plus lentement possible et ferma les yeux quelques instants. Ce n'était pas le moment de péter un ca-
-"Mais moi je t'aime ! Euh...je veux dire... Je... oh oublies." grommela-t-il en maudissant sa spontanéité, à toujours agir en premier et réfléchir en second...
En plus Emi avait bien précisé "j'aimerais qu'on continue à être amis"... Et pas autre chose. En plus maintenant qu'il connaissait un peu son histoire, il comprenait bien qu'il ne pouvait pas en être autrement... Bien sûr celui lui faisait plaisir d'apprendre que la jeune fille l'appréciait mais c'était aussi comme un coup de poignard droit au coeur. Parce que c'était comme une certitude que leur relation ne pourrait pas aller plus loin... Pour couronner le tout, il se sentait vraiment désolé pour elle, et il avait envie de l'aider mais ne savait même pas s'il en serait capable.

Soupirant, il s'écroula sur le lit exactement de la même façon que son amie quelques minutes avant et fixa le plafond tout en réfléchissant.
-"Et bien si tu as réussi à m'en parler, c'est que tu as fait beaucoup de progrès non ?" dit-il enfin d'une voix plus douce.
Il lui était reconnaissant d'avoir fait autant d'efforts pour répondre à sa question, le moins qu'il puisse faire c'était de le lui faire savoir. Il avait bien envie de la serrer fort dans ses bras mais c'était sûrement malvenu.
Il se releva un peu et toucha la joue mouillée d'Emi.
-"Tu es stupide ou quoi ? Tu crois que je vais arrêter de te fréquenter juste pour ça ? Je vais me vexer..." rajouta-t-il d'un ton boudeur.
Le jeune se leva du lit et ralluma une clope, se rapprochant de la fenêtre. Il se cala contre le mur et repris
-"Je vais rester avec toi et comme ça tu vas t'habituer à fréquenter des garçons. Tu dois avoir confiance en toi d'accord ? J'ai pas beaucoup de filles dans mon entourage, mais si un de mes potes, ou un autre mec te touche..." Il s'arrêta pour souffler un peu et contempler son armoire bordélique en face de lui.
-"Je le tue." finit-il avec un grand sourire.

Voilà. Tout ce qu'il avait à dire était dit...Ou presque. Il se retourna vers la fenêtre et tourna le dos au reste de la pièce. Sa relation avec Emi avait pris une toute autre dimension. Il ne réussirait plus à prendre les choses à la légère désormais... Il avait essayé d'être cool mais actuellement il avait juste envie de partir et de se bourrer la gueule jusqu'au matin. Enfin dans l'immédiat c'était pas possible, il ne pouvait pas planter la japonaise et se barrer. Se repassant lentement son monologue dans la tête, il grimaça à nouveau et se rappela d'une phrase au tout début à laquelle il n'avait pas forcement fait attention.

-"Eh... Mais tu as dis que ton vrai père était français ? C'est pour ça que tu es en France ?" demanda-t-il en se retournant vers Emi.

Ma vie c'est d'la grosse merde...

with Seraphina

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La japonaise resta silencieuse, toujours allongée face au plafond. Elle entendait la respiration du jeune homme à côté d'elle et tenta de s'y caler dessus, expirant plus profondément et plus lentement.

- "Mais moi je t'aime ! Euh...je veux dire... Je... oh oublies."

- "Quoi... ? Ah..."

Avait-il vraiment dit... ? Non c'était impossible, elle avait forcément mal compris ou alors c'était pas cet amour là hein, il voulait juste être gentil, pris dans la confusion...

Emi se demandait tout à coup si elle avait bien fait de tout déballer d'un coup comme ça, elle ne voulait pas mettre mal à l'aise son camarade mais...au moins maintenant il savait, et surtout, elle, finalement ça la soulageait enfin d'en parler, de vider son sac et tous ses tracas merdiques qu'elle avait accumulé à cause d'un foutu connard !

Elle tourna légèrement la tête pour regarder Seraphina qui s'était allongé à côté d'elle.

- "Et bien si tu as réussi à m'en parler, c'est que tu as fait beaucoup de progrès non ?"

Les paroles qui s'échappaient de la bouche du jeune homme semblaient gentilles et sincères.

Emi sourit timidement.

- "Oui...je suppose qu'on peut dire ça. Mais j'ai encore des choses à changer..."

Ses yeux se voilèrent de tristesse et un peu de colère en repensant une énième fois à la triste situation un peu plus tôt dans la journée. Bien sûr, ces types étaient des idiots qu'elle et Sera avait eu le malheur de croiser un soir dans une rue mais...peut-être que sans cette peur elle aurait été capable de bouger et de se défendre. Peut-être que sans cette peur, elle pourrait éviter de passer à côté de certaines choses. Peut-être que si elle n'avait pas cette putain de phobie, sa relation avec le jeune norvégien serait encore différente. Elle pourrait chahuter avec lui, le taquiner autant qu'il la taquine et...le toucher... ?

La japonaise sursauta légèrement, surprise, quand des doigts vinrent effleurer sa joue humide.
Ses pommettes s'empourprèrent légèrement mais la main chaude n'était pas désagréable à sentir contre elle.

- "Tu es stupide ou quoi ? Tu crois que je vais arrêter de te fréquenter juste pour ça ? Je vais me vexer..."

La jeune fille se tourna, le regarda un instant puis baissa les yeux.

- "Ah oui...désolée je voulais pas te vexer...c'est gentil de ta part. Enfin je veux dire, je suis contente que tu sois avec moi...j'ai...besoin de toi..."

Elle toussota, gênée par ses tous derniers mots, mais au point où elle en était ...elle n'en était plus à ça près pour les confidences.
Et puis elle se sentait bien avec lui. Ils partageaient quelque chose, il la soutenait, il était gentil, adorable, loufoque, métaleux... Hem. N'est-ce pas ? Depuis quand le considérait-elle comme ça ? Elle avait toujours apprécié cette sorte de connexion qu'ils partageaient mais là...c'était encore différent. Cette histoire les avait rapproché, sans aucun doute.

Elle regarda les volutes de fumées, légère et brumeuses, s'échapper des lèvres de Sera, qui s'était levé. La cigarette à la main, il semblait lui aussi perdu dans ses pensées.

Pourtant, au bout d'un moment il s'adressa à nouveau à elle.

- "Je vais rester avec toi et comme ça tu vas t'habituer à fréquenter des garçons. Tu dois avoir confiance en toi d'accord ? J'ai pas beaucoup de filles dans mon entourage, mais si un de mes potes, ou un autre mec te touche..."
- "Je le tue."

Le sourire qu'il lui lança la troubla.

- "Hein ? Je...euh, ok...merci, c'est gentil, je...suis flattée... ? Je ferais de mon mieux..."

Elle soupira. Ça s’annonçait mal barré mais...au moins elle n'était pas seule, et même, au vu de la gentillesse et de la compréhension de Sera à sa situation, elle était en bonne compagnie. Donc, elle allait faire des efforts. Sera méritait ça. Et aussi pour elle.

- "Eh... Mais tu as dis que ton vrai père était français ? C'est pour ça que tu es en France ?"

La japonaise releva la tête vers son interlocuteur.

- "Hein ? Ah oui...il me semblait t'en avoir parlé vite fait mais...j'ai retrouvé mon père et ai repris contact avec lui il n'y a pas très longtemps. Au début c'était que des lettres et puis on a fini par se parler par téléphone. Je suis venu faire mes études ici pour avoir une chance de le rencontrer, même s'il est pas mal occupé. Je suis venue là parce qu'il a fait ses études dans ce lycée, je voulais voir à quoi ça ressemblait. On s'est appelé que quelques fois depuis que je suis venue en France. Je compte aller le voir bientôt...pour la première fois. Mais j'ai un peu peur...Je ne sais pas s'il va me reconnaître, ce qu'il va penser de moi....Je pensais que peut-être si je rencontrais mon père et que je recréer un lien, ça m'aiderait pour passer au dessus de ma phobie... "

-"j'ai...besoin de toi..."

Il se remémora lentement ces mots qui lui faisaient étrangement assez chaud au coeur. C'était un peu comme la garantie qu'Emi restera avec lui, qu'elle le voulait d'elle-même et qu'elle ne considérait pas comme un ennemi. S'il arrivait à lui faire passer sa phobie, il ne savait pas si la jeune fille restera toujours avec lui après, mais en attendant, il avait encore un peu de temps à savourer à ses côtés, et avoir la certitude qu'il n'était pas détesté le soulageait grandement.
Retrouvant un peu son sourire, il termina sa clope et se rapprocha du lit pour tirer les joues d'Emi.
-"Aha... Ne fais pas cette tête, on dirait que tu t'apprête à rentrer en enfer... Bien sûr que tu feras de ton mieux, tout ira bien tu vas voir !" taquina-t-il avant de se rasseoir à côté.

-"Ah... Je vois..." rajouta-t-il alors pensivement en entendant l'explication de la japonaise concernant son père.
-"Quoi... Pourquoi il te reconnaîtrait pas ? S'il a accepté de reprendre contact c'est qu'il veut forcement te rencontrer ! Dis-toi que c'est ta chance pour avoir une vraie famille !" dit-il alors en s'allongeant en travers du lit.
-"Certain n'ont pas cette chance-là tu sais..." rajouta-t-il enfin en pensant à sa propre famille. En réalité, "famille" n'était pas le bon mot pour désigner cela. Leurs relations avaient toujours été froides et strictes, cadrées par la politesse. Cela n'avait jamais été des vrais liens familiaux, les vrais liens de sang ne se brisent pas par l'envoi d'une simple lettre avec quelques mots cruels à l'intérieur... Il se rappela vaguement des mots de menace concernant son déshéritage s'il ne rentrait pas en Norvège. Oui, sa "famille" avait réussi à tracer une croix sur lui et à le remplacer par le voisin d'à côté... Tout ça parce que le vilain fil Zaira ne voulait pas rentrer dans le moule qu'on avait forgé pour lui. Sera n'était pas sûr que n'importe quel parent normal soit capable de faire pareil. Pour lui, il n'avait jamais eu ce qu'on appelle réellement une "famille".
Il soupira et se releva avant de s'étirer.
-"Enfin bref... Tu devrais rentrer dans ta chambre non ? Je vois que tu es fatiguée... Je vais te raccompagner et demain je t'attendrais devant ta chambre."
Ainsi, elle n'aurait pas à s'inquiéter de tomber sur un abruti et puis ça ne lui posait aucun problème de devoir l'attendre tous les matins.

Quelques minutes après, alors qu'ils se tenaient devant la porte de la chambre d'Emi, il rajouta alors :
-"Oh et... téléphones à ton père d'accord ? Demande lui un rendez-vous !" dit-il en se penchant lentement pour déposer ses lèvres sur la joue de la japonaise. Il se releva rapidement de peur de trop la surprendre et de se faire frapper et referma la porte en lui faisant un clin d'oeil.

De retour dans sa chambre, il soupira à nouveau et se cala contre la porte. Il avait trop de trucs dans la tête, il fallait qu'il se vide l'esprit avant de finir fou. Voilà pourquoi il passa le reste de la soirée, jusqu'à tard dans la nuit à jouer aux jeux-vidéos.

Ma vie c'est d'la grosse merde...
with Seraphina

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Emi se frotta la joue légèrement endolorie que venait de tirer Sera pour la charrier en faisant la moue.

- "Oui...si tu le dis alors...tout ira bien." Rajouta-t-elle, une mine moins convaincante encore que les mots qui venaient de sortir de sa bouche.

-"Quoi... Pourquoi il te reconnaîtrait pas ? S'il a accepté de reprendre contact c'est qu'il veut forcement te rencontrer ! Dis-toi que c'est ta chance pour avoir une vraie famille !"
-"Certain n'ont pas cette chance-là tu sais…"

Elle regardait le jeune homme étendu à côté d'elle. Il prenait toute la place, s'étant mis sur la diagonale du lit. Sur le moment elle s'en fichait royalement comme de sa première chaussette. Seuls les mots du lycéen la traversait.

- "Ah, euh...ouais. C'est pas ce que je dis, c'est juste que...bref."

*Oui, peut-être qu'il a raison, il veut aussi me rencontrer mais...ça n'est pas si simple après tout ce temps… et puis avoir une vraie famille...ça sera compliqué. Après tout, nous ne venons pas du même monde, du même pays….la distance sera là, je ne peux pas rester éternellement ici alors que le reste de ma famille est au japon. Mais qu'est-ce que je raconte ?! Il a raison, le téléphone existe ! Si mon père m'accepte, il sera ma famille lui aussi, le lien sera à nouveau là...Mais qu'est-ce qu'il entend par "certains n'ont pas cette chance-là ?" Il n'a pas de famille ? Il a perdu des parents ? *

La japonaise avait compris que sa relation à sa famille était compliquée pour le jeune homme. Mais il ne lui avait pas encore vraiment révélé grand-chose sur lui. Tiens, c'est vrai ça, il n'avait rien dit de lui encore. S'ils continuaient à passer du temps ensemble, elle allait devoir lui tirer les vers du nez…Y avait pas de raison que ça soit d'un seul côté après tout. Et puis, sa curiosité l'emportait. Elle voulait savoir encore plus de choses sur lui...

Alors qu'elle se frottait les yeux, le jeune homme s'étira, se releva et lui indiqua qu'il la raccompagnait à sa chambre. Il lui proposa même de venir la chercher le lendemain matin. Emi, plus vraiment en état de réfléchir à ce qu'elle entendait, se contenta de hocher la tête.
En temps normal, elle aurait sûrement refusé une telle idée mais elle était fatiguée, n'écoutant qu'à moitié le jeune homme, et vu les événements de la journée, elle n'était de toute façon plus vraiment en mesure de faire grand-chose par elle-même, toute confiance évanouie.
Elle suivit Seraphina en dehors de la chambre puis dans le couloir. Pour une fois, elle ne mit pas autant de distance que d'habitude entre elle et lui. Marchant dans ses pas, la tête complètement vide, elle suivait le rythme du lycéen, ses yeux allant du dos imposant aux muscles tendus jusqu'à ses grandes jambes qui avançaient le long des chambres du dortoir.
Il traversèrent un couloir et arrivèrent devant les chambres des filles, puis à celle de la jeune fille.
Elle le remercia et ouvrit la porte. La lycéenne se retourna encore une fois. Elle voulait dire quelque chose à Sera, pour le remercier pour tout ce qu'il faisait et pour la journée...mais elle n'eut pas envie d'enfoncer le couteau dans la plaie et préféra finalement se taire, baissant les yeux. C'est lui qui parla.

-"Oh et... téléphones à ton père d'accord ? Demande lui un rendez-vous !"

Alors qu'elle marmonnait maladroitement un "ah oui", elle regarda avec stupéfaction le visage du norvégien se rapprocher de plus en plus du sien. Son cœur fit un bon mais elle, n'osa pas bouger. Pourtant, elle eut le temps de le voir se pencher, car il prit tout son temps, et bien qu'elle pensa l'espace d'une seconde qu'il allait l'embrasser (était-ce ce qu'elle désirait réellement ?), elle comprit vite que les lèvres se dirigeaient vers sa joue pour y déposer tout doucement (oui on parle de sera) un bisou qui ressembla plus à une légère caresse de vent printanier. Rapide, simple, agréable…
Épuisée et surprise, totalement pourpre des pieds à la tête, elle ne pensa même pas à réagir comme à son habitude, c'est à dire en lui criant dessus et en le frappant. Elle resta bouche-bée à le fixer. D'un autre côté, elle n'avait plus tellement peur de lui mais….ça l'avait quand même surprise comme geste venant de lui. Était-ce une blague ? Ce n'était pourtant pas une très bonne plaisanterie.

Et pendant qu'il faisait un clin d’œil en refermant la porte, la japonaise se laissa envahir d'une rougeur au visage, un doux sentiment l'envahissant mêlé à un sentiment de malaise...elle se sentait vraiment bizarre. Elle referma la porte après avoir jeté un dernier regard au grand dos qui s'éloignait. Elle s'affala ensuite sur son lit, tête dans l'oreiller, pour tenter de calmer ses joues brûlantes et les palpitations de son cœur. Elle s'endormit finalement comme une masse, encore habillée. Elle se réveilla en sueur plusieurs fois, certaines images de son passé refaisant surface. Mais en pensant à Sera et en l'imaginant près d'elle, elle réussit à se calmer.
Le lendemain, Sera l'attendait devant sa porte, comme il l'avait promis. Bien qu'elle était persuadée jusqu'à la dernière minute qu'il serait incapable de se lever, il était là, cheveux en bataille, cernes aux yeux, bâillements en prime, écouteurs aux oreilles, l'attendant, elle.
Elle lui offrit son plus beau sourire, heureuse et soulagée de le voir. Et ils partirent en direction des classes, côte à côte, ignorant la foule d'élève qui les entouraient.

[Fin du RP]

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