[Abandonné][Toit]un bon bol d'air frais

Karin venait à peine d'arriver au lycée. Pour l'instant, il ne faisait que se promener, pour voir comment était le lycée. Le bâtiment ne lui faisait pas bonne impression, habitué aux belles constructions. Mais bon, tant que le blond était autorisé à porter ses tenues de son choix, cela lui suffisait.
Enfin ses pieds l'amenèrent vers le toit. Il ne fit pas attention à la vue, se contentant de chercher un endroit calme. Personne ne semblait y être, alors Karin pensa que c'était l'heure de cours, ou quelque chose du genre. En toute cas, c'était silencieux, alors le blond sortit son livre, et chercha un endroit où s'asseoir, à l'ombre. Mais là, il vit une fille par terre.

Elle sèche là ? ... Autant la laisser là.

Ses pas se firent alors plus légers, pour ne pas se faire remarquer de la fille, mais il laissa son livre tomber accidentellement...

Arf, mince.

La demoiselle se réveilla. Karin était resté cloué au sol, pour contempler les mouvements maladroits de la fille à son réveil. Ses manies "matinales" n'étaient pas très gracieuses pour une fille, n'empêche qu'au moins, elle ne bavait pas. Contrairement à d'autres personnes par exemple.
Bref même il fut assez gêné de se faire reluquer de cette façon, cela ne l'empêcha pas de la regarder aussi.

La fille n'était pas très grande, elle semblait avoir le même âge que le crossdresser, mais ce qui 'intriguait le plus devaient être ses cheveux. On voit rarement des lycéennes avec ce genre de couleurs capillaires. Sans doute une coloration, mais en tout cas, cela ne lui plaisait pas. Evidemment, Karin ne laissa pas paraître sur son visage cette impression, et garda une expression neutre.

- Salut... tu t'appelles comment ? Tu peux t’asseoir tu sais, je ne vais pas te manger, j'en ai peut-être pas l'air mais je ne mange jamais personne.

Le blond se retint de lâcher soupir. Cette fille avait un humour... Ridicule. Pourtant, il prit le livre que lui avait tendu la jeune fille et s'assit à côté d'elle. Le blond laissa ses jambes tendues, mais alors qu'il allait ouvrir son livre, un battement d'ailes le perturba.
Levant les yeux au ciel, Karin remarqua que ce n'était qu'un pigeon volant au-dessus d'eux. Mais cet oiseau lui fit découvrir la vue qu'offrait le toit. Sa couleur préférée, le bleu dominait le ciel, ne laissant aucune place à des tâches blanches ou grises de salir cette couleur pure. Ce panorama laissait le lycéen sans voix. Son regard était totalement concentré sur cette vue des cieux et il en laissa même son livre de côté. A vrai dire, c'était la première fois qu'il avait l'occasion d'avoir ce genre de vue haute, dominante. Il se sentait comme Zeus sur l'Olympe.

Mais cela ne dura pas éternellement, car un autre col d'oiseaux non-identifiés venaient à nouveau d'envahir les cieux. Cela le remit droit dans ses esprits, puis Karin se rendit enfin compte qu'on lui avait adressé la parole. Sans lâcher son regard de l'horizon, le blond répondit à la lycéenne.

- Karin. Et toi ?

- Lacie.

Ce n'était pas un prénom commun. D'un côté, la demoiselle devant lui ne semblait pas tellement normale. Enfin, il reporta son regard vers les yeux de la lycéenne qui venait de lui répondre. Leurs regards se croisèrent, mais le blond ne détourna pas son regard, il n'était en rien perturbé en rencontrant deux orbes de couleur violets. Karin lui enviait légèrement son visage, qui lui semblait si... féminin. Le jeune homme se sentait plutôt ridicule dans son accoutrement de lycéenne, tandis qu'il se tenait devant une vraie fille.
Mais il n'était en rien séduit par l'apparence de Lacie. Il était convaincu que l'amour ne marcherait jamais du premier coup d'oeil. Elle était juste jolie, c'est tout.

- C'est beau tu trouves pas ? Un bel endroit pour louper les cours et pour dormir.

Certes, Karin trouvait l'endroit magnifique et plutôt calme, mais les derniers qualificatifs du toit ne lui plurent pas. Sécher les cours n'était même pas une option imaginable pour lui, n'ayant manqué aucun de ses cours dans son enfance. Puis, dormir, il suffisait d'avoir une chambre et de se coucher tôt. Ce qu'il faisait d'ailleurs, sauf en période d'examen.
Enfin, le blond préféra laisser la question de Lacie en suspens, puisqu'elle était en quelque sorte rhétorique. L'admiration de Karin envers le paysage n'était pas à démontrer.

Enfin, le blond retourna sur son paysage, se demandant s'il pouvait le prendre en photo avec son téléphone. Mais au moment où il allait le sortir, son nez se retrouva étrangement et extrêmement près d'un autre nez... De chat.
Surpris, le blond sursauta et recula en glissant. Son visage était déformé par ses sourcils froncés, ses yeux exorbités et sa bouche légèrement tremblante. Karin n'avait pas une phobie des chats, ou quoi que ce soit, mais ces derniers le rendait le rendait légèrement malade ; il en était allergique. Karin laissa échapper quelques cris tout légers de peur et resta assez éloigné d'environ cinq mètres du chat.

- Tu veux le caresser ?

Toujours effrayé, le blond secoua la tête en guise de réponse, et se contenta de fixer le chat, comme s'l était porteur de maladie mortelle.

Ce n'était pas courant de ne pas aimer les chats. Karin en était bien conscient, et en avait déjà fait les frais. Pourtant, alors qu'il s'attendait à ce que la demoiselle lui lance un mauvais regard, ou l'insulte dans son dos, elle n'en fit rien. La seule hypothèse qui passa dans la tête du blond était que cette dernière pourrait être hypocrite. Mais quelque part au fond de lui, il ne voulait pas que cela s'avère vrai.

- Milu, Dai, Ernest, Ichi, Law.. j'ai pas d'idées de nom à ton avis? Law c'est mignon non ?

Ce genre de discussions... Ce n'était pas le genre de conversation que tenaient deux inconnus. Pourtant, même s'il pensait pour sur que cette fille lui racontait sa vie, Karin écoutait.
Son cerveau et son coeur se contredisaient. Mais pour une fois, le lycéen préféra écouter son coeur, et dit d'un ton plutôt calme en regardant le chat d'un regard plus adouci que précédemment.

- Milu... Milluki... Luki ! Luki ou Lucky lui irait mieux.

Se rendant soudain compte qu'il venait de s'adresser normalement à Lacie, Karin détourna ses yeux et ramena ses jambes près de sa poitrine pour cacher la moitié de son visage. Il y enfouit aussi sa tête, embarrassé d'avoir répondu franchement.

- Lucky... Lucky... tu as raison que ça lui va bien...

Karin ne préféra pas céder à la curiosité de voir le visage de la demoiselle, sans doute radieux. Il pensait plutôt à ce que pouvait penser Lacie par rapport à son attitude. Car le blond venait en quelque sorte de fuir. Quoi ? Lui-même ne savait pas pour quoi il avait fait cela. Côté sentiments, le lycéen ne les comprenait pas aussi bien qu'un problème de maths. Sans doute parce qu'il n'en éprouvait rarement.
Mais quelqu'un, ou plutôt quelque chose lui coupa sa réflexion. C'était un doigt qui tapotait sur sa joue. Celui de Lacie. Karin, surpris voulut reculer mais se fit acculer contre la grille. Ce geste l'intimida, du moins, c'était ce qu'il en déduit, car ses joues prirent une légère teinture rouge, puis elles chauffaient autant que les forges d'Héphaïstos.

- Hey ? Ça va? Qu'est-ce qu'y a ? M..me dis pas que tu es gêné parce que tu t'es exprimé normalement sans retenue?

Pourquoi a-t-elle fallut qu'elle tombe juste ? Si ça se trouve, elle avait un don de clairvoyance, ou lisait simplement dans les pensées. Il n'empêche que le blond essaya de se ressaisir en prenant une longue respiration avant de répondre.

- Je vais bien...

Sa phrase fut en suspens, comme s'il allait dire autre chose. Au lieu de regarder Lacie dans les yeux pour terminer sa tirade, le jeune garçon détourna son regard vers... Autre part.

- ... C'est juste que c'est bizarre la façon dont tu tombes juste.

- Tu sais, tu m'étonnes, tu es la première fille que je rencontre qui réagit comme ça pour un poke, je trouve ça mignon si t'étais un garçon je comprendrais, mais pour une fille je trouve ça étrange.

Karin ne savait pas s'il se sentait flatté ou pas. Cela lui était maintenant courant de se faire prendre pour une demoiselle dans ce pays, et évidemment, cela lui faisait énormément plaisir d'être reconnu comme tel. Mais à ce moment là, ce n'était pas si plaisant que ça. Hésitant sur la réponse, il ne préféra pas en donner.

Il était toujours en boule, et ne comptait pas pour l'instant changer de position. Il se sentait plutôt bien comme ça. Une position de défense plutôt agréable, quoi que facilement pénétrable.

- Tu es en quel classe ?

- En première, reste à savoir laquelle... Et toi ?

Ce n'était pas une question très compliquée, alors Karin put y répondre du tac au tac, sans avoir à réfléchir à un double-sens, ou quelque chose du genre. En même temps, il leva la tête légèrement, juste pour permettre à ses yeux de voir devant lui.

Même si c'était interdit, Karin s'autorisa à sortir son téléphone pour voir l'heure. Il avait laissé sa montre dans sa valise, qui était dans son dortoir. L'heure se rapprochait doucement de celle du déjeuner, mais l'estomac du jeune ne le remarqua même pas.

- Pareil.

Donc il avait raison. Mais ça, il n'allait pas le crier sur tous les toits, même s'il appréciait avoir raison.
Un blanc s'écoula. Il dura longtemps. Assez pour que le blond se dit qu'il faudrait quand même qu'il aille ranger ses affaires dans sa chambre, et remplir ses papiers administratifs. En soit, faire la paperasse. Enfin, ce n'était pas une activité qui le dérangeait en soi, mais il eut juste un peu de mal à se représenter ses nouveaux colocataires.

- Tu manges seul ? Si tu veux on peut manger ensemble.

Karin garda son menton sur ses genoux. Il hésitait. Devait-il manger avec elle ou pas ? D'un côté, il commençait à avoir faim. Mais de l'autre, il aurait du faire ses papiers avant de se balader. Aussi, manger avec quelqu'un serait sans doute agréable.

- Désolé, mais je dois d'abord finaliser mon inscription au lycée. Peut-être qu'on se verra en cours.

Cependant, ses responsabilités passaient avant tout. Donc Karin se leva puis tapota sur sa jupe pour faire partir la poussière. Il adressa un dernier regard à Lacie, ainsi qu'un bref mouvement de la tête pour refuser son "mikado" puis sortit du toit par la porte. En oubliant son livre.