[Abandonné][Classes]Premier cours d'anglais [Pv : Chihiro]

Gron. Me faites pas chier.

Mal de crâne ... Sérieusement, je suis arrivée il y a seulement 3 jours, j'ai pas tellement eu le temps décuver. Enfin, j'ai rien fait pour non plus.
Résultat, je dois aller donner le premier cours de ma vie à des ados avec une tête comme un ballon. Je me demande un instant s'il est possible de sécher quand on est prof ...
Et me rends compte que le premier jour, ça le fait pas trop.
Je m'habille donc à contre-cœur, avec une chemise un peu froissée et un jean plus ou moins propre. Je remonte mes cheveux en queue de cheval, verse un peu de vodka dans mon thermos de café, prends un paquet de clope, mon sac, glisse deux ou trois DVD à l'intérieur et pars, en traînant les pieds.

Heureusement, l'air extérieur me donne un peu de dynamisme. Mais à la vue de l'emploi du temps que je suis censée me coltiner aujourd'hui ... Ce bref élan retombe aussi sec.

Les vieilles habitudes étant toujours ancrées en moi, j'avais eu la présence d'esprit de me lever tôt. Du coup, j'avais finit par trouver ma salle avant que ça ne sonne. Quelle ne fut pas ma surprise d'en voir déjà là ! Et sage et tout.
Je vérifie trois que je ne me suis pas trompée de salle, je soupire en m'imaginant tombée chez des élèves psychopathes qui me séquestreront le soir et m'assois à mon bureau. Je sors mon thermos et vais tranquillement à la fenêtre me fumer une clope.
On me lance des regards surpris et indignés, que j'ignore superbement. C'moi qui décide ici, bande de merdeux.

Je suis là en avance - donc je serai à l'heure - je peux bien m'accorder une petite récompense hein. Je profite donc tout en attendant que l'heure arrive.
Le premier instant de surprise passé, les gosses secouent la tête et reprennent leurs discussions. Moi j'ouvre ma chemise pour m'en servir comme d'un gilet sur mon débardeur; leurs salles sont carrément surchauffées, c'est affolant.

J'observe la salle, j'aperçois un ordi et de quoi projeter. Parfait : ce matin film. Je vais au tableau, écris mon nom en caractère occidentaux - puisque je ne sais presque pas écrire en japonais, je ne connais que le parler - note une consigne quelconque en anglais "Watch the film and take notes about it. You will have to resume it for next time."
Je farfouille dans mon sac, sors les trois DVD.
Alors, le premier, non. Pas pour les enfants. Le second, trop cucul. Le troisième me semble bon : Fight Club.
Je mets la langue en anglais, les sous-titres aussi et attend que tout le monde arrive pour mettre le film en route et pouvoir me coucher.

Nih ? Ah oui, l'appel.

Ils attendent quelque chose de moi ... Mais quoi ?
C'est hyper stressant. Je veux dire, je suis en train d'improviser un boulot que je n'ai jamais fait, dans un pays où je ne connais que quelques relatives coutumes telles que le Yamanote-sen Geemu, (remastérisé avec les noms des stations New-Yorkaises), qui ne sont guère ... Usitées dans des salles de classes.
Et eux, là, les gosses en face, attendent un truc.
Et moi, je suis censée incarner l'autorité, la confiance en soi, les certitudes.
Ah, mais quelle galère ! Mais quelle galère !

La salle avait l'air plutôt pleine, je n'ai donc pas vraiment cherché à faire l'appel.
Bon, je dois avouer que ce n'est pas l'unique raison à cela : ne sachant pas lire le japonais, j'aurai été tout simplement incapable de le faire. J'y suis donc allée au feeling en me disant qu'au pire, je permettais à des élèves de dormir plus longtemps et que c'était tant mieux pour eux. Pour moi, tout le monde était là et c'était tès bien comme ça.
Avant de mettre le film, je demandais à chacun de me faire un petit chevalet sur lequel ils inscriraient leur nom et prénom en caractères occidentaux.

Ben quoi ? C'mon petit privilège de prof d'anglais.

Une fois tout ceci fait, que j'ai pris 5 minutes pour faire semblant de scruter chacun, je mets en route le film, ânonnant de nouveau la consigne écrite au tableau, avant de me reposer derrière mon bureau pour dormir tranquillement.
Je commençais doucement à glisser vers un sommeil plus ou moins réparateur lorsqu'une furie débarqua dans la salle. Je sursautais, manquant de renverser mon thermos.
Apparemment, c'était une de mes élèves.

Je la fixais, sans même arrêter le film, alors qu'elle se trouvait limite devant l'écran. J'avais l'impression d'en voir deux, selon l'angle sous lequel je la regardais. Je trouvais ça marrant ! Je me mis à pencher ma tête d'un côté, puis de l'autre pendant deux minutes, sans cesser de la regarder, sans un mot.

Woooouw ! Je murmure : " You both seems to be so similar, my gosh ... Is your hair blond or red ..?"
Les volets étant fermés, à peine réveillée, je me demandais si les deux filles - parce que selon l'angle elles étaient deux, ne l'oublions pas - étaient blondes ou rousses. Je les observe toujours, tandis que peu à peu, elle ne devient plus qu'une.
Je crois qu'elle a tenté de dire un truc vaguement anglais mais ... Du coup, en me concentrant dessus, je ne vis soudain plus sa soeur.

Hein, quoi, où que ...?!
Je cligne des yeux, je secoue la tête, à droite, à gauche, non la porte est fermée, que ..?

Ah merde, mais où est passée l'autre ?

"Where is your sister ?", je demande alors, complètement paumée.

Toi, j't'aime pas.

(Je suis désoléééééée du retard)

Bon. Il fallait se rendre à l'évidence, l'autre avait disparu. Mais ce que je trouvais étrange c'est qu'en voulant sécher, elle était quand même venue en classe. Je veux dire, c'est pas bien malin.
Je me lève, me prenant la tête entre les mains, je soupire.
I don't quoi ? Pas de soeur ? Mais on se fouterait pas un peu de ma gueule là ? C'était qui l'autre ?
Je jette un regard soupçonneux à la nouvelle venue, qui partit prudemment s'asseoir.
Je sens que je ne l'aime pas. Elle se fiche de moi, c'est sûr. En plus, sa tête me revient pas. Non, je suis certaine qu'elle se moque de moi. En plus, elle est nulle en anglais.
Donc elle va me narguer en japonais.

J'ai toujours eu des profs qui avaient leur bête noire. Va savoir pourquoi... Puis un jour, j'ai lu une phrase qui pourrait sans doute expliquer cela : " Pour qu'il y est le moins de mécontents possible, toujours taper sur les mêmes."
Employer cette méthode me sembla alors une bonne idée. Je me contentais d'hocher la tête en regardant l'élève qui m'énonçait timidement son nom et remis le film.

A la fin du cours, elle va prendre cher.

Forte de ma résolution, je me remis à mon bureau et me remis à pioncer jusqu'à la sonnerie.