[En pause]Dégage de mon placard ! [PV Stryker]

Pourquoi suis-je comme ça ? Même en étant au lycée, je n'étais pas foutu de suivre plus de deux heures de cours d'affilée. Je commençais à en avoir marre de tout ça : avertissements, retenues... Peut-être devais-je engager un acteur pour faire ma scolarité à ma place ? C'pas une si mauvaise idée en plus, la jeunesse est là, devant nous, n'attendant qu'à se faire prendre de tous les côtés et nous, que faisons-nous ? Ah oui. De la philo.
Mais passons. Pour l'heure j'avais des choses plus importantes à accomplir qu'à refaire le monde dans ma tête.

J'embrassai doucereusement le cou d'Amélie, puis remontai lentement vers sa bouche en un baiser délicat. Elle était si belle avec ses longs cheveux blonds et ses yeux d'azur. Je soupirai calmement en voyant son regard empli d'envie; sa respiration s’accélérait et la chaleur du placard où nous nous trouvions ne faisait qu'accentuer notre désir de nous débarrasser de ces encombrants vêtements.

" Tu es si jolie, Amélie... " dis-je en souriant, me penchant pour l'embrasser à nouveau.

Paf. Une claque.
Je la regardais, interloqué.

" Moi c'est Danielle, connard, s'écria-t-elle, les larmes aux yeux, Amélie c'est ma meilleure amie !... dire que je... Va te faire foutre! "

Elle me poussa violemment contre le mur pour pouvoir passer. Elle ouvrit grand la porte et s'élança dans le couloir. La porte se referma contre mon livre de philo, que j'avais posé là intentionnellement car la porte se verrouillait toute seule de l'intérieur.
J'étais pas le genre de type à aller courir vers quelqu'un; elle voulait partir ? Ok, tant pis pour elle, elle sait pas ce qu'elle vient de manquer. Et puis pour une histoire de prénom franchement...
Mais je la regrette déjà un peu, Am... Danielle, elle avait un corps fin et musclé. J'aime les sportives.

Seul, il me restait encore 43 minutes de libre avant l'heure du déjeuner, et je n'avais pas envie de retourner en cours, même si je le pouvais en passant par la vie scolaire prendre un billet de retard. Encore si c'était mon cours de japonais ok, mais philo... Beurk. Je préférais m'adosser contre le mur, et m'allumer une clope en laissant mon esprit vagabonder. Le placard sentirait un peu fort mais personne n'y vient aux heures de cours, et je partirai simplement quelques minutes avant la sonnerie pour ne pas me faire prendre.

Mais je n'eus même pas le temps de prendre ma deuxième bouffée que je vis un pied passer par la porte à peine entrouverte.
Qui était-ce ? Putain putain putain. Je balançai ma cigarette dans un sceau d'eau, me recoiffai plus ou moins bien et essayai de reboutonner ma chemise et mon pantalon. Je n'eus le temps de faire qu'un bouton quand la porte s'ouvrit.

Affalé sur sa table, une expression complètement vide dessinée sur son visage, le jeune homme aux cheveux bleutés regardait par la fenêtre de sa classe. Complètement distrait par les légers bruits se trouvant aux alentours ainsi que ceux se trouvant à l’intérieur de sa tête, les paroles du professeur ne lui parvenaient qu'à peine et, de toute façon, il devait l'avouer, il n'en avait pas grand-chose à faire. Que dire, il s'agissait du cours de français avec monsieur Taka Mizuko. Ah... que dire à part que le cours était juste barbant ? Il leva ensuite les yeux au ciel avant de regarder le professeur, dressa son bras en l'air tout en se levant, déplaçant sa chaise en arrière dans un bruit crisant.

-''Je veux sortir. annonça Senri, affichant des traits totalement neutres alors que tous les regards étaient tournés vers lui.
-Tu peux y aller.'' affirma simplement le seul adulte de la classe.

Sans un mot de plus, il prit le stylo se trouvant sur sa table, son sac et se dirigea vers la sortie de la salle de classe alors que le cours reprenait comme si rien ne venait de le couper. Une fois à l'extérieur, il referma la porte dans un mouvement brusque et contrôlé avant de longer le couloir.
Il avait beau avoir réussi à quitter la pièce, les bruits et mots résonnaient toujours dans son esprit, de ce fait, un froncement de sourcils se fixa sur son visage tandis qu'une de ses mains vient se coller  au mur et, en un mouvement lent, son dos vient se coller à la paroi de béton froid.
Un souffle, deux souffles, trois souffles, ça ne passait pas et un léger mal de tête s'empara de lui. Il avait besoin d'un endroit où l'espace était réduit, seulement, où irait-il trouver une pièce de ce type ?

À ce moment-là, il entendit un son assez fort venant du fond du couloir. Curieux de la chose, il se releva, prenant appui au sol, et longea le couloir avant d’apercevoir une jolie blonde sortir du placard à balais, furieuse et les premiers boutons de sa chemise défaite. Alors comme ça, les lycées font ça dans les placards... pourquoi pas, se dit-il tout en fixant la jeune fille aux cheveux d'or. Sans vraiment se poser de questions, il continua sa route jusqu'au placard, pensant avoir trouvé l'endroit idéal pour se calmer et être seul, isolé des bruits extérieur et intérieur.

La porte à demi fermée, il passa sa jambe en premier, puis poussa doucement la porte pour pénétrer dans la salle. Sans même la regarder quelques secondes et s'assurer que celle-ci était vide de tous êtres vivants, il se dirigea vers le mur du fond, avant de s'y coller, et ainsi, avoir un support. Il se laissa glisser contre le mur pour se retrouver au sol, assit.
Un frison parcourut son corps lorsque son regard se posa sur un jeune homme, occupé à fermer sa chemise. Un léger grognement se fit entendre alors qu'il prononçait la phrase suivante.

-''Et moi qui pensais qu'il n'y aurait plus personne...''

Il le fixa légèrement de ses yeux lagons.

Un jeune homme venait de rentrer dans la pièce, s'asseyant à mes côtés, l'air de rien. Encore des yeux bleus, je vais finir par en avoir marre de cette couleur.
Je le dévisageai intensément, non pas à cause de l'étrangeté de la scène, mais parce que son visage ma rappelait clairement quelqu'un... mais qui ? Et je suis certain de ne l'avoir jamais croisé au lycée. Pourtant, j'avais la sensation étrange de le connaître... son visage, son corps...

Je déglutis. Mais à quoi pensais-je, enfin ? J'étais tellement frustré de ne pas avoir pu aller plus loin avec Amélie que j'imaginais des trucs avec un inconnu ?

'' Et moi qui pensait qu'il n'y aurait plus personne... "

Je ne répondis rien. Franchement, il est arrivé quelques instants après Amélie -putain c'est Danielle-, il a sûrement dû la voir passer, légèrement déboutonnée. Il pensait sérieusement qu'elle était seule dans ce placard à balais et qu'elle serait sortie comme ça, énervée, sans aucune raison ?
Je passais inconsciemment ma main sur ma joue, ne sentant maintenant presque plus la légère douleur qu'elle m'avait infligé.

Bon, il faisait toujours chaud dans ce maudit placard, et j'étais toujours à moitié à poil. Ce n'était pas que sa présence me dérangeait mais je préfère fumer quand je suis seul. Je me levai donc, me dirigeant vers la porte.

" ... "

Je me retournai vers l'inconnu, un peu amusé.

" Avec ton pied... le livre... on est enfermé. "

J'avais envie de rire de cette situation digne d'une pièce de Ionesco, mais d'un côté je ne me sentais pas du tout rassuré. Je m'acharnais sur la poignée quelques temps, puis dans un soupir d'abandon, je m'asseyais contre la porte, me laissant glisser. Super, j'allais passer 45 minutes dans une chaleur étouffante avec Yeux Bleus. Mais où l'avais-je rencontré ?

" Bon et bien... je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à passer le temps, dis-je en rigolant légèrement, je suis déjà en tenue de combat haha ! "

Tout en disant cela, je laissais tomber ma tête contre le bois de la porte, regardant le plafond d'un air vague. 45 minutes.. Dès que ça sonnera, je taperai contre cette foutue entrée pour qu'une âme charitable vienne nous ouvrir. En attendant, je me concentrais sur mon camarade de placard. Plutôt joli garçon, il ne me motivait pas du tout pour me reboutonner -ce que je ne fis d'ailleurs pas-, et je ne lui en voulais même pas de nous avoir enfermés.

Qu'est-ce qu'il faisait chaud ici.

Après avoir prononcé sa phrase, il regarda le jeune homme avant de fixer le sol, se concentrant quelque peu, essayant de stopper tout ces bruits désagréables. Il entendit à peine le brun se lever pour se diriger vers la porte. En réalité, une partie de lui savait qu'il y avait encore quelqu'un, seulement, il n'avait pas voulu l'écouter ou plutôt, il ne voulait jamais l'écouter. A croire qu'il aurait dû, cette fois-ci.

-" ...

Il leva son visage vers l'inconnu et fut légèrement surpris de le voir se retourner vers lui, un air amusé fixé sur son visage.

-Avec ton pied... le livre... on est enfermé. "

Quoi ? Quel livre ? Légèrement interloqué, le jeune homme assit sur le carrelage inspecta le sol d'un regard avant d'y apercevoir un bouquin de philosophie, traînant non loin de la seul accès de cette pièce étroite. Son regard se porta ensuite sur l'ombre de l'adolescent et  des traits crispé se vinrent déformer son visage, fermant les yeux d'une façon exagérée, il articula.

-"J'suis dé-so-lé." railla le bleuté, sans le penser une seul micro-seconde.

C'était sa faute, certes, mais il ne s'excuserait pas réellement. Un souffle se fit légèrement entendre, tendit que le jeune homme baissa son visage, trouvant que la température de la pièce était un peu trop élevée comparé à toutes autres pièces de ce lycée. Il attrapa le haut de sa chemise, la secouant doucement, asseyant de trouver de l'air, avant de reporter son attention sur la porte que le propriétaire du livre persistait à ouvrir avant d'abandonner et de se laisser glisser sur le sol.

-"Bon et bien... je suppose qu'il ne nous reste plus qu'à passer le temps, fit-il, riant légèrement, je suis déjà en tenue de combat haha !
-T'es p't-être un débauché, lança Senri d'une voix sèche, tout en le dévisageant. mais, tu sais, ça ne donne pas spécialement envie de coucher avec toi.  

Pestant doucement, il ramena un peu plus ses jambes vers lui, passant ensuite ses mains dans ses cheveux. Il faisait vraiment chaud dans cette pièce fermée mais, il préférait se contenter de se concentrer sur autre chose. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire pendant les trois quart d'heure à venir? Il ébouriffa doucement sa tignasse avant de retomber dans ses pensés.

" T'es p't-être un débauché, tu sais, ça ne donne pas spécialement envie de coucher avec toi. "

Je le regardai, le regard fixe et sans expression.
" Je plaisantais. "
L'humour est son second prénom ?

Je soupirai, d'un souffle qui trahissait une pointe de tristesse. Je n'étais pas blessé par les propos du jeune homme loin de là, mais je repensais aux moments de ma jeunesse où je ne m'acceptais pas en tant qu'addictif sexuel.
" Kelen sale pute ! "
" Me touche pas, la nympho' ! "
D'ailleurs maintenant plus rien ne me touche... Les râteaux ne me font pas peur, on en a eu la preuve avec Amél.. -PUTAIN !- J'ai réussi à ne pas prêter attention aux insultes et aux rumeurs jusque là, donc ce n'est pas avec ce genre de commentaire que je vais me morfondre.

Mais il m'arrivait parfois d'avoir honte de moi, quand j'atteignais des sommets de débauche, je me dégoûtais. La dernière fois ? Une orgie où j'ai fini en.. avec un...  raah ! ça me donne des frissons rien que d'y penser.
Et cette scène n'était pas très glorieuse non plus : moitié nu et délaissé par une fille dans un placard verrouillé avec un type qui me crache dessus... Super ambiance...
Je repliais mes genoux contre mon visage, entourant mes jambes de mes bras. Je ne voulais pas qu'il voit que j'étais perturbé par ce qu'il venait de dire, il pourrait croire que ça me faisait quelque chose...

Ma tête cachée, je pensais à mon camarade de placard. J'avais 44 minutes devant moi pour réfléchir de où je l'avais rencontré et en quelles circonstances. Peut-être à l'orgie ? Non impossible, si je n'avais pas vu des vidéos, je me serai même pas souvenu d'y avoir été.
Finalement je commençais même à regretter d'avoir séché mon cours de philo.. tout ça pour une petite salope de l'équipe de basket.
Sans regarder l'inconnu, je levai ma tête pour pouvoir retirer ma chemise. M'en fichais de ce qu'il pouvait bien penser, j'allais pas lui sauter dessus comme une bête. Mon vêtement posé à côté de moi, je jetai un bref coup d'oeil vers le jeune homme s'ébouriffant les cheveux puis je me remis dans ma position précédente, tête contre genoux.

Cette façon douce de secouer sa tignasse... Oui oui, je le connaissais, c'est certain ! Remontons dans nos souvenirs...
Son visage, ses yeux, sa manie, son corps...
...
Je relevai ma tête, et rigolai énergiquement; je m'en souvenais !

Ce mec était un putain de host boy, et c'est moi le dévergondé ? Sérieux c'est l'hôpital qui se fout de la charité !
J'essuyai une larme de rire au coin de mon oeil, et je le regardai en souriant. Ah oui, je m'en souviens bien maintenant. Il devait sûrement jouer la comédie mais cela n'empêchait que j'avais fort bien apprécié le fait d'être courtisé. Et ensuite, la nuit... il est rare qu'un host couche avec un client, à moins de payer des sommes faramineuses pour, ou de tomber amoureux de celui-ci. Et je savais que je n'avais pas payé plus que de raison ni qu'il m'aimait. Donc il aura beau dire, je donne envie de coucher.

Il devait sûrement me prendre pour un fou maintenant, mais qu'importe. Allez, je vais lui donner un petit indice pour qu'il comprenne... voyons... ah oui. En souriant, je tapotai très rapidement mon nez. C'était le petit truc que je lui faisais quand j'avais envie de l'embêter gentiment. J’espérais qu'il comprendrait, auquel cas je passerais encore pour un cinglé.

-''Je plaisantais.''

En réponse, seule un petit « tss » se fit entendre. Il se doutait tout de même que le jeune homme avait dit ça par pure plaisanterie, seulement, il n'aimait pas ce type de farce et cela, il ne le cachait pas. Pour tout dire, les mauvais «souvenirs» remontaient à la surface ainsi, lui remémorant que toutes sa vie n'avait été que le fruit de son imagination.
Il avait longuement cherché à comprendre pourquoi et comment ce type d'invention pouvait être possible et si réaliste puis, en demandant à un de ces médecins lorsqu'il était encore incarcéré dans cet hôpital, il eut sa réponse, même si celle-ci ne faisait que le rendre un peu plus perplexe.
«L'invention d'une existence est en fait, un désir que sa vie se passe autrement. Dans ton cas, tu voulais souffrir à la place de faire subir de la souffrance. »
Cela l'avait vraiment perturbé, au point de ne plus essayer de comprendre et de cacher tout ce qu'il pensait réellement.

Il regarda l'adolescent en face de lui, recroquevillé sur lui-même. Ce qu'il avait dit quelques instants plus tôt l'avait blésé ? Même si ce n'était pas son intention, il ne pouvait pas vraiment s'excuser. A moins que si ? Mais, dans ce cas, comment devait-il faire ?

Il laissa tomber le sujet des excuses -ce qui n'était absolument pas son fort- et commença à se perdre dans son esprit tout en s'ébouriffant ses cheveux noirs bleutés. Seulement, un son semblable à une bonne rigolade vint à lui, le ramenant à la réalité. Il dirigea donc son regard lagons vers celui-ci et dévisagea le jeune homme. Qu'est-ce qui pouvait bien le faire rire comme cela? Il y avait deux possibilité : soit il avait pété une durite et était entré en crise de fou rire, soit il se foutait littéralement de sa gueule. Étrangement, la deuxième option lui paraissait bien plus probable que la première. Un air énervé collé sur son visage, il maugréa légèrement, ayant l'envie de lui demander ce qui le faisait rire mais se retint, pas envie de faire une bourde, s'affirma-t-il.

Alors qu'il le fixait avec rage, il remarqua le tapotement rapide que le brun exécutait sur son nez. Ses yeux se plissèrent légèrement alors que l'adolescent répéta son action . Étonnamment, ce geste lui rappelait vaguement quelque chose, ou plutôt, quelqu'un, seulement, il ne pourrait pas dire qui ou quoi, ou alors, il s'inventait encore quelque chose, ça pourrait être plus simple ainsi ; quoi que...
Il continua de le regarder avec insistance, se demandant encore quel était vraiment ce geste.

Soudain, la personne ayant cette façon de faire ce mouvement lui revint à l'esprit. Il s'agissait d'un jeune homme, ayant demandé ses services l'année passée. C'était l'un de ses premiers clients, quand il n'était pas spécialement doué dans le métier donc,  il se rappelait tout de même de lui.
Étant complètement stupéfait, il ne savait plus où regarder. Par élimination, son regard atterrit sur le carrelage tiède dû à la chaleur de la pièce. Plus il y pensait, et plus il s'en rappelait. Il devait à tout pris cacher sa gêne, c'était crucial pour lui.
Il se sentait mal à l'aise, ou plutôt, comme un enfant qui venait de faire une bêtise. Pas qu'il se sentait mal vis-à-vis du jeune homme, mais plutôt car c'était un client, ce qui rendait, pour lui, la situation difficile. Il ramena ses genoux vers lui et posa son front dessus.

Un souffle, deux souffles, trois souffles, quatre souffles. Les bruits, les voix intérieurs et son mal-être ne passaient pas tendit que sa gorge lui faisait atrocement mal par cette sensation de nouement : il fallait donc supporter tout cela jusqu'à ce que la porte puise se rouvrir.
Légèrement gênée, il releva la tête pour jeter un regard à l'adolescent devant lui. C'était vraiment lui, merde. Il détestait ce type de situations, normalement, les host et leurs clients ne se croisent jamais en dehors des clubs, et encore moins dans un lycée. Il se leva doucement en toussotant légèrement, essayant de camoufler toute la gêne qu'il pouvait avoir.

-''Qu'est-ce que c'est, ce tapotement ? Tu veux me montrer quelque chose, peut-être ?''

Mais comment s'appelait-il, déjà ? Bah, il avait sûrement utilisé un pseudonyme de toute façon.

" Qu'est-ce que c'est, ce tapotement ? Tu veux me montrer quelque chose, peut-être ?"
Que c'est mignon le déni. Le truc c'est que je me souvenais parfaitement de lui.

" Ne sois pas gêné. Je suis content de te revoir. " dis-je simplement pour atténuer le malaise que je venais de créer.

J'avais l'étrange impression que ma situation devenait de plus en plus cocasse. Si ça se trouve j'apprendrais tout à l'heure que mon père est le prof de philo et qu'on se trouve dans un monde parallèle.
J'avais envie de parler au jeune garçon, mais j'avais en même temps peur de dire quelque chose qui puisse le blesser. Que devais-je faire alors ? Surtout pas qu'un blanc s'installe, ce serait mort après pour engager la conversation.

" Et sinon... quoi de neuf ? "

Je me giflai intérieurement. Mais putain c'était quoi cette accroche de merde ?
Le métier de host n'est pas du tout comparable à celui d'un prostitué mais je ne savais quand même pas du tout s'il assumait ou non son job. J'avais envie de lui poser pleins de questions : comment il s'en sort, est-ce que je lui ai manqué, s'il travaille toujours dans le même établissement, en quelle classe il est... mais peut-être qu'il nierait tout ça en bloc, comme à l'instant. Heureusement que j'ai pris une question assez ouverte.

Je fermais les yeux quelques instants. Trifouillant mes souvenirs, je souhaitais revivre quelques morceaux de cette soirée délaissée dans un coin de ma tête. Comment ai-je fait pour me souvenir de lui, alors que je dois me taper plus de personnes en une semaine qu'il n'y de jours dans celle-ci ?
Peut-être que c'est parce que c'est le seul host de ma vie que j'ai côtoyé. Je n'ai plus revu le garçon après, je ne sais plus pourquoi, mais je n'ai jamais eu envie de réessayer ce genre de services après.

" C'est quoi, ton prénom ? " questionnai-je doucement. Peut-être se souvenait-il du mien ? Mais j'en doutais fortement, après un an je ne me souvenais même plus de son pseudo alors mon prénom...

J'appuyais mon menton contre mon genou et le regardais de mes grands yeux verts.

-''Ne sois pas gêné. Je suis content de te revoir."

Content ? Comment pouvait-il être heureux avec ce qu'il venait de dire et de faire ? Il avait totalement nié le fait de le connaître et l'avait insulté de débauché. Il rabaissa son regard, une mine rancunière fixée sur son visage puis, se rassit à même le sol tout en se demandant pourquoi il s'était levé.

-"Et sinon... quoi de neuf ?''

Il releva sa tête pour regarder le brun ; le bleuté voyait bien que la personne avec qui il était enfermé essayait de détendre l'atmosphère tant bien que mal et, pour être honnête, il ne savait pas quoi faire. Seulement, il avait trois choix :
-arrêter de nier pour lui parler correctement,
-lui parler comme l'Host qu'il était
-ou continuer de nier, tout en cachant ses pensées.
En fin de compte, il préférait la première option. Cacher ce qu'il pense réellement était assez pénible pour lui, niveau mental, tandis que le deuxième était tout aussi compliqué, surtout dû à de ce qu'il avait pu dire avant cela -surtout niveau contraste: sourire et être poli...- .
Il soupira légèrement, attrapant ses cheveux de sa mains droites. Il se mordit la lèvre inférieur avant de prononcer quelques mots, hésitant.

-''Rien de bien intéressant.''

Tant bien que mal, il essayait de planquer le fond de sa pensée.
Il tourna légèrement son visage vers le côté, ne voulant pas avoir à regarder le jeune homme qu'il avait rencontré l'an passé. Seulement, la question suivante lui avait fait regarder son interlocuteur.

-"C'est quoi, ton prénom ?''

Cette question ne le surprenait pas. Cela faisait une année entière et lui même ne se rappelait plus du nom ou prénom de l'adolescent. Il leva les yeux au ciel, réfléchissant quelques secondes pour savoir s'il avait utilisé un surnom, ou quelque chose dans le genre.
Pas à ce qu'il s'en souvienne. Il devait avoir utilisé son vrai prénom -pas comme maintenant-. Mais, plus il réfléchissait, moins il était sur de ce qu'il pensait.

-''Senri... et le tiens ? fit-il, en le regardant. Désolé, je ne m'en rappelle plus vraiment. continua-t-il en avouant ce qu'il en était.

Il se sentait bizarrement mal à l’aise. Peut-être à cause des yeux verts posés sur lui, ou encore à cause de la chaleur que dégageait la pièce.

Il baissa les yeux, voulant poser son front sur ses genoux ramenés vers lui. Ou alors, avait il envie de continuer de parler ? Il ne savait trop ce qu'il voulait et ce qu'il pouvait faire.
Du coup, sans vraiment réfléchir, il releva les yeux pour rencontrer ceux de son interlocuteur quand quelque chose lui vient à l'esprit : pourquoi avait-il fait appel à ses services alors qu'il pouvait avoir toute les filles qui lui paissaient, comme cette jeune fille aux cheveux d'or?

-''Dis, pourquoi t'as payé un Host l'année dernière ? T'as l'air plutôt populaire...''